
Des troupes sénégalaises et nigérianes sont positionnées à la frontière gambienne et se disent prêtes à intervenir en cas d'échec diplomatique des négociations sur le départ de Yahya Jammeh qui se prolongent jeudi.
Des forces sénégalaises et nigérianes ont pris position à la frontière gambienne et se tiennent prêtes à intervenir en cas d'échec des efforts diplomatiques pour convaincre le président Yahya Jammeh de céder le pouvoir à Adama Barrow – élu président le 1er décembre 2016 – qui se prolongeaient jeudi 19 janvier au-delà du terme de son mandat.
Le président Jammeh refuse de céder le pouvoir à Adama Barrow et a décrété mardi l'état d'urgence. Son mandat s'est achevé officiellement mercredi à minuit.
"Si la solution politique échoue, nous allons engager" les opérations en Gambie, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée sénégalaise, le colonel Abdou N'diaye, confirmant des mouvements de soldats sénégalais vers la frontière entre les deux pays.
200 soldats nigérians
L'armée de l'air nigériane (NAF) a annoncé mercredi avoir envoyé 200 hommes, des avions et un hélicoptère au Sénégal, pour faire appliquer la victoire d'Adama Barrow, dont l'investiture est prévue jeudi. "Ce déploiement est prévu pour déjouer toutes les hostilités, ou les manquements à la loi, qui pourraient survenir alors que la Gambie est actuellement dans une impasse politique", écrit le porte-parole de la NAF, dans un communiqué. De son côté, le Ghana s'est lui aussi engagé à contribuer à la force régionale.
Seydou Maiga Mboro, un commandant nigérien de la force d'intervention de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), menée par le Sénégal, a confirmé que "toutes les troupes [étaie]nt déjà en place [et] prêtes à intervenir".
Le Sénégal a présenté mercredi un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies visant à autoriser la Cédéao, soit 15 pays à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour assurer une passation de pouvoir en Gambie, selon un texte consulté par l'AFP. La Cédéao presse Yahya Jammeh de quitter le pouvoir, et l'a prévenu à plusieurs reprises qu'elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort.

Dans la soirée, le chef d'état-major gambien, le général Ousman Badjie, a assuré qu'il n'ordonnerait pas à ses hommes de résister en cas d'intervention des troupes africaines.
"Nous n'allons pas nous impliquer militairement. Ceci est une dispute politique", a-t-il déclaré à des ressortissants étrangers, selon des témoins. "S'ils entrent, nous ferons comme ça", a-t-il ajouté, levant les mains en l'air en signe de reddition.
Négociations de la dernière chance
Le président mauritanien, Mohammed Ould Abdelaziz, est arrivé mercredi soir dans la capitale gambienne Banjul pour rencontrer Yahya Jammeh, selon la télévision d'État.
Peu avant minuit, l'avion du président mauritanien s'est posé à Dakar, pour y rencontrer Adama Barrow ainsi que son homologue sénégalais Macky Sall. Dans l'attente de son investiture, et à la demande de la Cédéao, le président gambien élu est accueilli depuis le 15 janvier au Sénégal. Il a annoncé sur Twitter jeudi que son investiture aurait lieu à l'ambassade de Gambie, à Dakar.
L'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont prévenu qu'à compter de jeudi, le seul dirigeant qu'elle reconnaîtraient en Gambie serait Adama Barrow.
Les proches du président sortant l'ont bien compris et les démissions se multiplient dans le camp de Jammeh. Jeudi, c'est le vice-président gambien Isatou Njie Saidy, au pouvoir depuis 1997, qui a indiqué qu'il quittait ses fonctions. Abubakar Senghore, le ministre de l'enseignement supérieur, a, lui aussi, indiqué qu'il démissionnait.
Avec AFP, AP et Reuters