Malgré quelques accrochages signalés dans le nord du pays et des affrontements près de Damas, le cessez-le-feu entre régime et rebelles, entré en vigueur dans la nuit de jeudi à vendredi en Syrie, a été globalement respecté.
Le cessez-le-feu en Syrie, entré en vigueur jeudi 29 décembre à minuit en vertu d'un accord conclu sous l'égide de la Russie et de la Turquie, a été globalement respecté malgré quelques accrochages signalés dans la nuit.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des responsables rebelles ont signalé des affrontements le long de la limite administrative entre les provinces de Hama et d'Idlib. L'aviation syrienne a mené une vingtaine de raids dans le nord de la province de Hama, a déclaré par la suite l'OSDH.
Des combats ont également eu lieu entre les forces loyalistes et les rebelles au nord-ouest de Damas, dans la vallée de Wadi Barada où des hélicoptères et des avions de combat ont effectué des raids, a ajouté l'OSDH.
Un responsable du groupe rebelle Nour al Din al Zinki a déclaré que les troupes gouvernementales avaient également essayé de progresser dans le sud de la province d'Alep.
Selon l'armée turque, l'aviation russe a mené trois frappes aériennes contre le groupe État islamique, qui n'est pas concerné par la trêve, au cours des dernières 24 heures dans la région d'Al Bab, dans le nord de la Syrie. Douze djihadistes seraient morts, selon des informations collectées par Ankara.
Asaad Hanna, responsable politique de l'ASL, a confirmé que les violences s'étaient réduites mais n'avaient pas cessé. "Nous ne pouvons pas être optimistes à propos de gens comme les Russes qui nous ont tués pendant six ans (...). Ce ne sont pas des anges mais nous sommes heureux de réduire la violence et de travailler à une solution", a-t-il déclaré.
Asaad Hanna a ajouté que les rebelles ne ripostaient pas pour l'instant aux attaques des forces gouvernementales. "Nous surveillons les combats mais nos armes sont prêtes", a-t-il dit.
Les groupes désignés comme "terroristes" exclus
L'accord, qui n'implique pas ceux que les parties désignent comme "terroristes", tel le groupe État islamique, avait été annoncé jeudi 29 décembre par le président russe Vladimir Poutine, puis confirmé par l'armée syrienne et la Coalition nationale syrienne (CNS), principale composante de l'opposition en exil. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié cet accord d'"opportunité historique" pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.
Aux Nations unies, la Russie a présenté un projet de résolution demandant au Conseil de sécurité des Nations unies d'entériner cette trêve. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a dit espérer un vote dès samedi.
Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a lui aussi estimé que le cessez-le-feu offrait une "véritable opportunité" pour trouver "une solution politique" au conflit. L'annonce de trêve intervient une semaine après la reprise totale de la ville d'Alep par le régime du président Bachar al-Assad, sa plus importante victoire depuis 2011, obtenue avec le soutien de ses alliés indéfectibles, Iran et Russie.
Les États-Unis, jusque-là en désaccord continu avec la Russie sur le conflit syrien et qui attendent l'arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, ont été écartés de ces négociations. Ils ont malgré tout salué "une évolution positive". "Tout effort pour arrêter la violence, épargner des vies et créer les conditions pour une reprise de négociations politiques constructives est le bienvenu", a réagi le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner.
Pourparlers à Astana en janvier
En revanche, c'est la première fois que la Turquie parraine un tel accord. Selon le Kremlin, Vladimir Poutine et son homologue turc "se sont dit satisfaits des accords obtenus", lors d'un entretien téléphonique. Ils "se sont prononcés pour un renforcement de la coopération antiterroriste" et ont également "souligné l'importance des efforts en cours pour organiser des négociations à Astana", la capitale du Kazakhstan.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a précisé que ces discussions devraient avoir lieu probablement en janvier. "Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre d'Astana", a-t-il dit sans préciser quels groupes de l'opposition y participeraient en face d'émissaires du régime, sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l'Iran.
Le Haut comité des négociations (HCN), regroupant une grande partie de l'opposition syrienne, devrait participer aux prochaines négociations, a indiqué depuis Ankara Oussama Abou Zeid, conseiller juridique auprès des rebelles dits "modérés" alliés à la Coalition nationale syrienne.
La réunion d'Astana précèdera des négociations inter-syriennes qui doivent être organisées par l'ONU le 8 février à Genève. Astana n'est pas "une alternative à Genève", selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu mais "une étape complémentaire".
La coopération russo-turque sur le dossier syrien a repris en juin après des mois de crise. Elle a accouché mi-décembre d'un cessez-le-feu à Alep qui a permis l'évacuation de civils et des rebelles des derniers quartiers insurgés dans cette cité.
Avec AFP et Reuters