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Dopage : les révélations de cadres russes sur une "conspiration" crée la polémique

Des responsables russes chargés de la lutte antidopage ont reconnu l'existence d'une campagne organisée de dopage des sportifs dans leur pays, a révélé mardi le quotidien américain New York Times, avant de revenir sur leurs propos.

L'agence mondiale antidopage frappe une nouvelle fois. Des responsables russes chargés de la lutte contre ce fléau ont, pour la première fois, reconnu l'existence d'un système de dopage à grande échelle dans leur pays, a écrit mardi 27 décembre le New York Times. "C'était une conspiration institutionnelle", a confié au quotidien américain Anna Antseliovich, directrice générale de l'agence russe antidopage (Rusada).

La déclaration est détonante. Depuis plusieurs mois, l’athlétisme russe est accusé d’avoir mis en place un vaste système de dopage. C’est en tous cas les conclusions rendues dans l'explosif rapport McLaren, commandé par l'Agence mondiale antidopage (AMA), au printemps. Mais jusqu’à présent, jamais aucun Russe n’avait reconnu les faits.

L'un des témoins revient sur ses propos

Mercredi, la Rusada a rejeté ces affirmations, dénonçant dans un communiqué des propos "déformés et sortis de leur contexte" tandis que le Kremlin expliquait vouloir "vérifier la véracité de ces paroles" avant de faire un quelconque commentaire. Après publication de l'article du New York Times, Anna Antseliovitch a réagi, affirmant que cette citation "a été sortie de son contexte et librement réinterprétée", ajoutant espérer qu'il s'agisse d'un "simple malentendu".

L'auteure de l'article du New York Times, Rebecca Ruiz, a maintenu sa version, affirmant que toutes les "citations de notre article sont correctes". "Les responsables russes m'ont dit qu'ils ne contestent plus l'existence d'un système organisé de dopage, seulement que ce système était instauré par l'État", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

In response to the Kremlin comments, all quotes in our story today are accurate. (Tweet 1 of 3) https://t.co/FuF1xDTes4

— Rebecca R. Ruiz (@RebeccaRuiz) 28 décembre 2016

Également interrogé par le New York Times, Vitali Smirnov, directeur de la nouvelle commission russe chargée de la lutte antidopage, avait lui déclaré :  "De mon point de vue d’ancien ministre des Sports et président du Comité olympique, nous avons commis beaucoup d’erreurs". "Nous devons déterminer les raisons pour lesquelles de jeunes sportifs prennent des produits dopants, pourquoi ils acceptent de se doper".

Plus de 1 000 athlètes concernés dans 30 sports

Pour rappel, le premier volet du rapport Mc Laren, divulgué en juillet, avait mis au jour une tricherie spécifique pour les JO-2014 d'hiver, organisés à Sotchi en Russie. Dans sa version finale, publié le 9 décembre, le rapport est encore plus accablant puisqu'il étend la fraude à l'ensemble des grandes compétitions qui ont eu lieu durant la période 2011-2015. Il a mis au jour une "manipulation systématique d'échantillons et d'ADN" aux JO 2012 et 2014, par exemple.

Le rapport pointe notamment la participation du ministère des Sports, de l'agence russe antidopage (Rusada) et du laboratoire antidopage de Moscou aux côtés du FSB (services secrets), dans la mise en place d'"une conspiration institutionnelle". Le tout au bénéfice de plus de 1 000 athlètes dans 30 sports.

Dans leurs confessions, Anna Antseliovich et Vitali Smirnov ont néanmoins rejeté la thèse d'un système de dopage instauré au plus haut sommet de l’État.

Un coup dur pour les sportifs russes

Ces accusations ont constitué un nouveau coup dur pour le sport russe, qui tentait encore d'atténuer les dommages causés par l'exclusion de ses athlètes des compétitions internationales. En novembre 2015, le Conseil de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) avait déjà voté la suspension provisoire de la fédération russe de toute compétition.

Les soupçons qui visent les Russes touchent de nombreux sports. L'affaire a secoué les Jeux olympiques de Rio de Janeiro (Brésil) cette année et continue de faire des vagues cet hiver : des épreuves de biathlon, de patinage et de ski de fond prévues en Russie ont été annulées.

Avec AFP et Reuters