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La rencontre Trump - Sassou-Nguesso n’aura pas lieu

L'équipe de Donald Trump a annoncé mardi qu'il n'avait pas prévu d'entretien avec le président du Congo Denis Sassou Nguesso, malgré une annonce en ce sens côté congolais. Histoire d’un raté qui a provoqué un certain émoi à Brazzaville.

C’est l’histoire d’un incompréhensible faux rendez-vous. Donald Trump, le président américain élu, n’a pas prévu de rencontrer Denis Sassou-Nguesso, le chef de l’État du Congo-Brazzaville. Le démenti est tombé mardi 27 décembre, dans la soirée, jour supposé de ladite entrevue. Il vient de l’équipe de Trump, plus précisément du porte-parole du futur président, Hope Hicks, contacté par l’agence de presse Reuters.

Le communiqué américain est doublement gênant pour Brazzaville : il affirme que non seulement une rencontre officielle entre les deux hommes n’est pas à l’ordre du jour mais qu'elle n’a même jamais été prévue.

Outre-Atlantique, on avance une raison très simple : aucun chef de l’État étranger ne sera reçu par Donald Trump avant son investiture, le 20 janvier. Encore loin des affaires de politiques étrangères, ce dernier se concentre plutôt sur la politique intérieure. Trump enchaîne les réunions dans sa propriété de Floride pour réfléchir à la composition de son prochain gouvernement.

Mais alors, que s’est-il passé au plus haut sommet de l’État congolais ? Tout a commencé le 26 décembre. Ce jour-là, le porte-parole de la présidence, Thierry Moungalla, annonce en début d’après-midi sur Twitter que Sassou-Nguesso, en déplacement aux États-Unis doit être reçu le lendemain par Donald Trump pour évoquer la situation libyenne et d’autres dossiers africains.

Rien de vraiment anormal, à première vue : Sassou-Nguesso est membre du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye. Cinq ans après la chute de Kadhafi, la Libye est dans une situation assez chaotique, divisée entre les forces du général Haftar, celles fidèles au gouvernement reconnu par les Nations unies (GEN) et plusieurs factions armées.

Joint par RFI, lundi, le ministre Moungalla avait bien confirmé la rencontre, de grande importance : Sassou-Nguesso serait le premier président africain à rencontrer le président élu, depuis son élection. Firmin Ayessa, directeur de cabinet du chef de l’État congolais, a même publié un communiqué officiel.

Depuis le démenti américain, les interrogations dominent : cette rencontre a-t-elle jamais été programmée ? Sassou-Nguesso a-t-il voulu forcer la main de son homologue américain ? Le plus étonnant reste la réaction de Brazzaville : Jean-Claude Gakosso, ministre congolais des Affaires étrangères maintient sa position. Même désavoué par le camp Trump, il a assuré à RFI, sans donner plus de détails, que Denis Sassou-Nguesso s'apprêtait bien à rencontrer Donald Trump à Miami…

Pour Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), et spécialiste de l’Afrique, l’affaire est étrange. "Sassou-Nguesso est un homme relativement discret qui a toujours très bien soigné sa communication", explique-t-il. "Il a trente ans d’expérience de pouvoir, ça ne lui ressemble pas du tout [de faire ce genre d’impair]".

Quelle que soit l'issue de l'affaire du #RDVManqué, sur les réseaux sociaux, les internautes sont nombreux à se moquer du président congolais.

Sassou-Nguesso, accusé de despotisme par l’opposition de son pays – il cumule 32 ans de pouvoir – a modifié en novembre dernier la Constitution pour pouvoir se représenter aux élections présidentielles du mois de mars 2016, et ainsi briguer un troisième mandat. Il a été réélu sans surprise à la tête du pays, avec 60 % des suffrages.