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Mali : importante mobilisation pour retrouver "Maman Sophie"

Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver Sophie Pétronin, une Française de 67 ans enlevée samedi à Gao par des hommes armés. L'humanitaire, surnommée "Maman Sophie", est très populaire pour son action auprès des enfants.

À Gao, la population est consternée d'apprendre l'enlèvement de Sophie Pétronin, l'humanitaire française de 67 ans. "Ici, tout le monde connaît la nutritionniste de formation qui arpente les rues de la ville dans sa petite voiture rouge pour distribuer de la nourriture ou des médicaments aux enfants déshérités, commente Serge Daniel, correspondant de France24 au Mali. Basée dans la deuxième ville du pays depuis le début des années 2000, où elle travaille pour l'ONG Aide à Gao, "Maman Sophie" est intégrée dans la vie locale et parle même la langue régionale. "Elle est aussi très populaire pour son action auprès des enfants déshérités et des orphelins", ajoute Serge Daniel. 

La Française a été kidnappée samedi 24 décembre à 17 heures par quatre hommes armés dans le 7e arrondissement de Gao, un quartier populaire de la ville. Si le rapt a été révélé par le ministère malien de la Sécurité dès samedi, le Quai d'Orsay a attendu le lendemain pour confirmer l'information.

Contacté par France 24, son époux, Jean-Pierre Pétronin, basé en France, ne cache pas son inquiétude. "Je ne sais absolument rien, indique-t-il. J'ai appris par les médias que le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour enlèvement et séquestration en bande organisée". Il a juste été informé par message que les autorités françaises mettaient tout en œuvre pour tenter de retrouver sa femme. 

L'opération Barkhane participe aux recherches

Sur place, trois dispositifs sont mis en place pour tenter de retrouver Sophie Pétronin, qui a été emmenée à bord d'un pick-up kaki et sable, sans immatriculation et avec des vitres teintées, selon le gouverneur de Gao. Une partie des recherches se concentre sur Gao. "Les enquêteurs se demandent si la voiture a vraiment quitté la ville avec Sophie Pétronin, explique Serge Daniel. Elle serait peut-être toujours à Gao avec les ravisseurs, qui préfèrent attendre avant de l'exfiltrer".

Les investigations se focalisent également dans les localités environnantes. "Ce sont des chefs religieux qui ont pris en charge les recherches", poursuit Serge Daniel. Enfin, un troisième dispositif terrestre et aérien a été mis en place dans le nord du pays avec les forces maliennes et les soldats français de l'opération Barkhane déployés dans la région du Sahel depuis août 2014. Cette mission française a pris la relève de l'opération Serval, qui en janvier 2013 avait mis en déroute les islamistes armés qui avaient conquis une grande partie du nord du Mali, et menaçaient de fondre sur la capitale. 

Les immensités désertiques de la région sont impossibles à contrôler et le nord du Mali reste une région instable, où les maquis jihadistes, les rebelles et les contrebandiers dictent par endroit leur loi. Si Sophie Pétronin, qui avait déjà échappé à une tentative de rapt en 2012, n'est pas libérée rapidement, l'humanitaire française risque de devenir une nouvelle otage française au Sahel.

Si les revendications proclamées par les jihadistes sont d'ordre politique, les enlèvements dans la région sont principalement des histoires de gros sous et de rançons, donnant lieu à un "business des otages" auquel participent de nombreux intermédiaires, le plus souvent mus par l'appât du gain.

Tags: France, Mali, Suisse,