Les pourparlers entre pouvoir et opposition pour sortir la République démocratique du Congo de la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila ont été suspendus samedi à Kinshasa mais un accord se dessine.
Un accord ne semble plus hors de portée en République démocratique du Congo (RD Congo) après la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Si samedi 23 décembre, pouvoir et opposition se sont séparés sans s'être entendus, la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui parraine ces pourparlers entamés le 8 décembre, s'est montrée confiante dans la conclusion d'un accord d'ici à une cérémonie de signature programmée vendredi 30 décembre prochain.
"Nous avons achevé pratiquement 95 % du travail", a déclaré le président de la Cenco, Marcel Utembi, aux journalistes. Le texte en gestation prévoit l'instauration d'une période de transition politique permettant à Joseph Kabila de rester au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur "fin 2017". Outre l'organisation d'élections l'an prochain, l'accord prévoit la nomination au poste de Premier ministre d'une personnalité issue des rangs de l'opposition.
Selon Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), le principal bloc d'opposition, des désaccords persistent justement sur la personnalité du futur Premier ministre et la composition de la commission électorale, accusée de biais en faveur du pouvoir.
Comment sera financée la nouvelle élection ?
Mais même si un accord était effectivement signé vendredi prochain, la question du financement de la nouvelle élection devrait rester entière dans un pays, parmi les moins développés de la planète, qui se débat depuis 18 mois dans une grave crise économique provoquée par la chute des prix des matières premières. Autre inconnue : comment la population de ce pays immensément riche en matières premières mais dont près de 90 % des habitants survivent dans une pauvreté absolue, accueillera-t-elle la prolongation des discussions ?
Le mandat de Joseph Kabila, qui est au pouvoir depuis 2001 et l'assassinat de son père, Laurent Kabila, a expiré lundi dernier à minuit. La Constitution lui interdit d'exercer un troisième mandat mais les autorités de Kinshasa ont repoussé jusqu'en avril 2018 l'élection destinée à désigner son successeur, initialement prévue en novembre 2016. Le report a été décidé officiellement pour des raisons logistiques et financières.
Les tractations visent à mettre fin aux manifestations et aux violences qui ont fait au moins 40 morts cette semaine dans le pays, selon le Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Zeïd Ra'ad al Hussein. La communauté internationale craint que la RD Congo, anciennement Zaïre, ne replonge dans la guerre civile, à l'image du conflit de 1996-2003 qui a fait des millions de morts.
Avec AFP et Reuters