Les grands électeurs américains votent, lundi, pour officialiser la victoire de Donald Trump. Des citoyens, opposés à l'entrée de l'homme d'affaires à la Maison Blanche, appellent les élus à ne pas respecter le résultat du 8 novembre.
Leurs chances de succès sont ténues mais ils veulent y croire : les démocrates redoutant que Donald Trump s'installe à la Maison Blanche ont les yeux braqué sur le collège électoral, qui vote lundi 19 décembre, avec l'espoir qu'il fasse barrage à l'homme d'affaires.
Le 8 novembre dernier, les quelque 136 millions d'Américains qui se sont rendus aux urnes n'ont pas directement élu le prochain président des États-Unis, mais 538 grands électeurs chargés de le faire. Le républicain Donald Trump est sorti vainqueur (306 grands électeurs contre 232) face à sa rivale démocrate Hillary Clinton, grande favorite des sondages.
Le vote de ces grands électeurs, élus ou militants locaux pour la plupart inconnus du grand public, est d'habitude une pure formalité et passe quasiment inaperçu. Mais la personnalité de Donald Trump, la tonalité extrêmement agressive de la campagne et le fait qu'Hillary Clinton ait remporté le vote populaire (avec plus de 2,5 millions de voix d'avance suivant un décompte provisoire) ont cette année changé la donne.
Pour parvenir à leurs fins, les anti-Trump doivent convaincre 37 grands électeurs du Grand Old Party d'abandonner leur candidat. Difficile de prédire quelle sera le résultat mais à ce jour seul un d'entre eux, Christopher Suprun (Texas), a publiquement annoncé qu'il suivrait cet appel à la révolte.
Dans une tribune publiée début décembre dans le New York Times, il expliquait pourquoi il ne voterait pas pour "quelqu'un qui montre chaque jour qu'il n'a pas les qualités requises pour la fonction présidentielle". "L'élection du prochain président n'est pas encore pliée. Les grands électeurs peuvent, en conscience, encore faire le bon choix pour le bien du pays", concluait-il.
Dans l'hypothèse, improbable, où il serait suivi en nombre, il reviendrait alors à la Chambre des représentants de désigner le successeur de Barack Obama. La secousse serait évidemment de taille, mais cette dernière étant aux mains des républicains, Donald Trump l'emporterait in fine.
Les résultats, qui devraient remonter État par État dans les jours à venir, seront officiellement annoncés par le Congrès le 6 janvier après un décompte formel.
Soutenu par Michael Moore, les "Hamilton Electors" appellent à des rassemblements
Les piratages menés par la Russie, selon le renseignement américain, durant la campagne électorale, ont ajouté encore au caractère passionnel du débat. Dix grands électeurs (neuf démocrates, un seul républicain), ont adressé une lettre ouverte à James Clapper, directeur sortant du renseignement américain, lui demandant d'être informés sur l'enquête en cours avant de passer au vote.
John Podesta, ancien directeur de campagne d'Hillary Clinton, dont des milliers de messages ont été piratés et mis en ligne dans les semaines précédant le scrutin présidentiel, a appuyé leur demande. En vain.
"La vraie question est de savoir pourquoi les démocrates (...) tentent à tout prix de délégitimer le résultat de l'élection", s'est insurgé dimanche Reince Priebus, proche de Donald Trump, qui occupera à partir du 20 janvier le poste très envié de secrétaire général de la Maison Blanche.
Très actif, le groupe "Hamilton Electors", soutenu notamment par le bouillonnant réalisateur Michael Moore, a de son côté appelé à des rassemblements lundi à travers le pays. Pour défendre l'importance d'un vote "en conscience" des membres du collège électoral, il s'appuie sur les mots d'Alexander Hamilton, l'un des pères fondateurs, selon lequel ce système été mis en place pour que la présidence ne soit jamais confiée à un homme qui n'ait pas "les qualités requises".
Mais tous les démocrates ne sont pas, loin s'en faut, favorables à la démarche. "Même si je partage de réelles inquiétudes sur l'élection et sur Donald Trump, la plupart des grands électeurs suivront, et devraient suivre, les résultats des urnes", estimait dimanche soir sur Twitter David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama. "Un vote contraire déchirerait le pays", ajoutait-il.
Avec AFP