
Le Parlement grec a voté une aide aux retraités les plus pauvres, l'une des deux mesures sociales annoncées par le Premier ministre Alexis Tsipras, sans tenir compte de l'inquiétude exprimée par les créanciers d'Athènes.
Le Parlement grec n’a pas cédé face aux pressions visant à le faire renoncer au versement d'une prime de Noël aux retraités les plus pauvres. Il a bien voté, jeudi 15 décembre, une aide financière forfaitaire pour le mois de décembre pour les retraites inférieures à 850 euros, dont le coût est évalué à 617 millions d'euros.
L'autre volet de l'aide, qui devrait être voté prochainement, porte sur un report de la hausse de la TVA sur les îles de l'Égée où s'entassent des milliers de réfugiés.
Ces deux mesures du Premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncées il y a une semaine, ont suscité une nouvelle tension entre Athènes et ses créanciers et révélé les tiraillements croissants au sein de la zone euro, notamment entre ses poids lourds, l'Allemagne et la France.
En raison même de ces mesures, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a annoncé mercredi la suspension, à la demande de l'Allemagne, du léger toilettage de la dette qui avait été accordé à Athènes en échange de réformes.
Ces mesures "ne devraient pas changer de façon significative les objectifs budgétaires [d'Athènes] en 2017 et 2018", ont toutefois estimé jeudi les porte-paroles des trois institutions représentant les créanciers européens, la Banque centrale européenne (BCE), le Mécanisme européen de Stabilité (MES) et la Commission européenne. Elles notent cependant que "ces mesures, si elles étaient étendues à l'avenir, augmentent les risques concernant les objectifs" sur le long terme.
Le soutien de François Hollande
D’autres dirigeants européens ont de leur côté volé au secours de la Grèce, à l'image du président français François Hollande qui a estimé qu'il ne pouvait être question de l'empêcher de "prendre un certain nombre de décisions souveraines qui respectent les engagements", appelant à ce que le pays soit traité "dignement".
Le ministre des Finances français Michel Sapin a également apporté son soutien au gouvernement grec, tout comme Pierre Moscovici, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, qui a déclaré dans la journée que, aux yeux de la Commission européenne, la zone euro n'avait aucune raison de remettre en cause l'accord sur l'aménagement de la dette grecque.
Jeudi à Bruxelles, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a défendu son "droit à prendre des mesures de soutien à la société qui ne contreviennent pas au programme et ne compromettent pas la tenue des objectifs". Il doit rencontrer vendredi la chancelière Angela Merkel, mais cette dernière a déjà annoncé que si la dette serait évoquée, elle ne constituerait pas "la question la plus importante" de la discussion et qu'il n'était pas dans "(ses) intentions de négocier".
La Grèce espère pouvoir aplanir le terrain d'ici à début janvier, dans le cadre des négociations qu'elle poursuit avec ses créanciers sur l'évaluation de son plan de redressement, selon une source gouvernementale.
Avec AFP et Reuters