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Soutenu par l'ONU, Zelaya entend rentrer dans son pays jeudi

Alors que l'ONU réclame que Manuel Zelaya soit rétabli dans ses fonctions, le président déchu du Honduras annonce son retour au pays jeudi, escorté par des dirigeants sud-américains. Tegucigalpa menace de l'arrêter s'il revient.

AFP - Le bras-de-fer entre les autorités du Honduras qui ont destitué Manuel Zelaya et la communauté internationale s'est durci mardi, l'ONU réclamant que le président soit rétabli dans ses fonctions, Tegucigalpa le menaçant d'arrestation "immédiate" s'il revenait au pays.

A New York, acclamé par l'assemblée générale de l'ONU qui a réitéré sa condamnation du "coup d'Etat dans la République du Honduras" et exigé son retour au pouvoir, M. Zelaya a répété son intention de revenir jeudi au Honduras. Il ne briguera pas un second mandat, a-t-il toutefois affirmé.

Il pense que l'armée hondurienne se placera sous son commandement lorsqu'il reviendra "avec le soutien des Etats-Unis", a-t-il déclaré. Il serait accompagné d'une délégation de l'Organisation des Etats Américains (OEA), avec notamment la présidente argentine Cristina Kirchner.

A Tegucigalpa, ses adversaires qui ont pris le pouvoir ont lancé un mandat d'arrêt contre lui, affirmant qu'ils demanderaient à Interpol d'émettre un mandat international. Il est poursuivi pour dix-huit crimes dont "haute trahison", "corruption" et "usurpation de fonctions", a déclaré le procureur général, Luis Alberto Rubi.

Le couvre-feu, qui devait être levé mardi, a été prolongé jusqu'à la fin de la semaine.

L'isolement du pays risque de s'aggraver, au-delà des vols commerciaux supprimés en raison du couvre-feu.

La Banque mondiale coupe les lignes de crédit du Honduras, a annoncé la chaîne de télévision CNN, et les pays du Système d'intégration centraméricaine (Sica) ont annoncé la suspension de leurs relations commerciales, et rappelé leurs ambassadeurs.

Ceux de l'Union européenne devraient suivre, "pour consultations". C'est "urgent et nécessaire", a jugé le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos.

Au pouvoir depuis 2006, le président hondurien a été destitué pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire ouvrant la voie à une possible réélection, un scrutin jugé illégal par la Cour suprême.

Attendu mercredi à Washington, il devrait "probablement" rencontrer des responsables du département d'Etat américain, mais aucun entretien avec le président Barack Obama n'est prévu, a indiqué la Maison Blanche.

Les Etats-Unis ont toujours des installations militaires au Honduras, un pays pauvre de 7,5 millions d'habitants, utilisé comme base contre la guérilla en Amérique centrale dans les années 80.

A Tegucigalpa, pendant la réunion de l'ONU, des milliers de manifestants anti-Zelaya exprimaient leur soutien au nouveau gouvernement. Une contre-manifestation des fidèles du président destitué, "plus de 10.000" selon un de leurs représentants, "2.000" selon un autre, parcourait des rues du centre.

M. Micheletti, qui bénéficie du soutien de la majorité de la classe politique et des médias, des chefs d'entreprise et d'une partie de la population, a répété qu'il n'y avait "pas eu de coup d'Etat".

La veille, des affrontements entre partisans du président évincé et l'armée avaient fait des blessés devant le palais présidentiel, 18 chez les militaires, selon l'armée, et 276 parmi les manifestants, selon leurs organisations.

Le net virage à gauche de M. Zelaya après son élection comme candidat de droite a hérissé une frange de la société hondurienne conservatrice. Avant la résolution de l'ONU, en sa faveur, M. Zelaya avait d'ailleurs déjà obtenu un appui sans faille de ses alliés "gauchistes" de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Venezuela, Cuba, Nicaragua, Bolivie ou encore Equateur), qui ont rappelé leurs ambassadeurs.