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Donald Trump nomme le PDG d'ExxonMobil, Rex Tillerson, secrétaire d'État

Le président élu Donald Trump a annoncé, mardi, la nomination de Rex Tillerson, le patron du géant pétrolier ExxonMobil, à la tête de la diplomatie américaine. Le Texan de 64 ans est réputé pour ses liens étroits avec la Russie.

Un roi du pétrole avec ses entrées au Kremlin. C’est le profil du futur chef de la diplomatie américaine désigné par Donald Trump. Le magnat de l’immobilier a annoncé, mardi 13 décembre, la nomination du patron d’ExxonMobil, Rex Tillerson, au poste stratégique de secrétaire d’État – l’équivalent du ministre des Affaires étrangères.

"Il est beaucoup plus qu’un dirigeant d’entreprise, c’est un acteur d’envergure internationale", avait déclaré Donald Trump à propos de ce Texan de 64 ans dans l’émission "Fox News Sunday". "Pour moi, il a l’avantage de connaître beaucoup d’autres dirigeants internationaux et de bien les connaître. Il a passé des contrats colossaux en Russie – pas pour lui mais pour son groupe", a précisé le président élu.

C’est probablement pour sa proximité avec la Russie que Rex Tillerson a fini par coiffer au poteau les autres prétendants au poste de secrétaire d’État, y compris des pontes du parti républicain comme l’ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney ou l’ex-maire de New York, Rudy Giuliani.

Rex Tillerson, qui a fait toute sa carrière professionnelle au sein du géant pétrolier, est réputé pour entretenir de bonnes relations avec le président russe Vladimir Poutine. Une entente cordiale de longue date qui s’est traduite en 2011 par un accord bilatéral de prospection et d’extraction pour la Sibérie et l’Arctique.

Le Kremlin n'a d'ailleurs pas tardé à réagir en saluant mardi en Rex Tillerson un "professionnel" qui a de "bonnes relations de travail" avec le président russe Vladimir Poutine. "Les responsables russes, et pas seulement le président, ont de bonnes relations, des relations de travail avec Tillerson", a ainsi déclaré à la presse peu après la nomination le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Le futur chef de la diplomatie américaine a même été décoré de l’Ordre de l’Amitié par Vladimir Poutine en 2013 et s’est exprimé contre les sanctions commerciales imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014.

"Jouer la Russie contre la Chine"

Loué par Donald Trump et Vladimir Poutine pour son pragmatisme en affaires, le futur secrétaire d’État apparaît comme l’homme de la situation pour normaliser la situation entre Washington et Moscou. Ce réchauffement entre les deux puissances rivales pourrait se faire aux dépens des pays européens les plus en pointe contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie et aux autorités ukrainiennes.

La volonté du président français, François Hollande, et de la chancelière allemande, Angela Merkel, de prolonger les sanctions européennes contre la Russie contraste ainsi avec l’assouplissement américain que suggère l'arrivée de Rex Tillerson.

La nomination du patron d’ExxonMobil risque aussi d’alerter les autorités chinoises, déjà échaudées par les messages de soutien du président élu adressés à Taiwan. “[Trump] a définitivement décidé de faire l’inverse de Nixon et de s’allier avec la Russie contre la Chine”, a affirmé au New York Times David Goldwyn, un ancien fonctionnaire du département d’État, en référence à la stratégie de l’ancien président américain de jouer la Chine de Mao contre l’Union soviétique dans les années 1970.

"Tillerson sera un messager crédible et efficace pour un nouveau départ [entre Washington et Moscou] car il n’est pas membre de l’establishment de la politique étrangère mais aussi parce que son histoire incarne le potentiel d’investissements dont la Russie pourrait bénéficier à travers une meilleure relation avec les États-Unis", explique au New York Times le spécialiste des questions d’énergie.

Cette politique étrangère pro-russe devra néanmoins attendre que le Congrès confirme la nomination de Rex Tillerson. Plusieurs parlementaires américains des deux bords de l’échiquier politique se préparent à examiner méticuleusement les relations entre le roi du pétrole texan et le maitre du Kremlin. Un dernier obstacle à surmonter dans un contexte particulièrement tendu, étant donné les soupçons des services de renseignement américains sur les interférences de Moscou en faveur de Donald Trump pendant l'élection présidentielle.