Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé l'arrestation de quatre suspects dans l'attentat qui a fait 25 morts contre une église du Caire. Les soupçons des enquêteurs se dirigent vers les Frères Musulmans.
Dans l’enquête sur l’attentat qui a fait 25 morts dimanche 11 décembre dans la cathédrale copte du Caire, quatre suspects ont été interpellés.
"Trois hommes et une femme ont été arrêtés et deux autres personnes sont toujours recherchées", a annoncé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. "L'auteur de l'attentat est Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa, il a 22 ans et il s'est fait exploser à l'aide d'une ceinture explosive", a-t-il précisé.
Un prélèvement ADN sur les parties du corps du kamikaze a permis de l'identifier. Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa, originaire de la ville de Fayyoum et dont le nom de guerre est Abou Dadjjana al-Kanani, avait été arrêté et remis en liberté en 2014 alors qu'il assurait la sécurité des convois des Frères musulmans. Depuis, il était recherché dans le cadre de deux autres dossiers en lien avec des groupes fondamentalistes musulmans.
Le ministère de l'Intérieur a ainsi clairement accusé les dirigeants des Frères musulmans établis au Qatar d’être à l’origine de l’attentat, avec pour objectif "de créer un conflit religieux à grande échelle". L’avocat de Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa a cependant expliqué que son ancien client n’était pas membre des Frères musulmans. Selon lui, le jeune homme avait été torturé lors de son arrestation. Traumatisé par sa détention, il aurait alors demandé à son avocat de ne pas faire appel, craignant d’être de nouveau victime d’abus en prison. Il se serait d’ailleurs radicalisé au cours de cette période.
Une attaque embarrassante pour Sissi
Les autorités continuent de rechercher d'autres suspects. Et parmi eux, un certain Mohab Mostafa el-Sayed Qassem, surnommé "Le Docteur", qui dirigeait le groupe. Il s'était rendu en 2015 au Qatar pour rejoindre les dirigeants des Frères musulmans qui avaient fui l'Égypte. Ces derniers lui auraient offert un soutien logistique et financier pour mener ces attaques terroristes.
"C'est un coup qui nous a fait mal mais qui ne va pas nous briser", a assuré devant des dignitaires civils et religieux, coptes et musulmans, le président Sissi.
Pendant les funérailles, retransmises sur plusieurs chaînes de télévision égyptiennes, le président et le pape de l'Église copte Théodore II, ont accompagné les cercueils portés par des militaires et recouverts de drapeaux égyptiens. Une minute de silence a été observée.
L'attentat a durement frappé les coptes d'Égypte mais il embarrasse aussi le régime d'Abdel Fattah al-Sissi, véritable cible des agresseurs. En visant le gouvernement, l'attaque sert aussi la stratégie des groupes islamistes qui cherchent à compromettre toute opportunité de redresser l'économie et le tourisme.
Depuis l'été 2013, au moins 42 églises ont été attaquées, dont 37 incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d'écoles, de maisons et de commerces appartenant à des coptes, affirme Human Rights Watch. L'ONG accuse les forces de l'ordre d'avoir été absentes lors de ces attaques confessionnelles.
Les coptes d'Égypte représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes. Près de 10 % des 90 millions d'Égyptiens appartiendraient à la communauté copte dans un pays où les musulmans sunnites représentent une immense majorité.
Avec AFP, Reuters et AP