
Faisant fi de l'ultimatum lancé, mercredi, par l'Organisation des États américains (OEA), les nouvelles autorités du Honduras ont affirmé que le chef de l'État destitué, Manuel Zelaya, ne retrouverait jamais son fauteuil présidentiel.
REUTERS - Les nouvelles autorités du Honduras ont défié mercredi la communauté internationale en assurant qu'il n'y avait "aucune chance" de voir le président Manuel Zelaya, renversé dimanche par l'armée, revenir aux affaires.
Le coup d'Etat a été condamné par de nombreux dirigeants et l'Organisation des Etats américains (OEA) a réclamé dans une résolution "le retour immédiat, sûr et sans conditions du président Manuel Zelaya dans ses fonctions constitutionnelles".
L'OEA a ajouté qu'"aucun gouvernement émanant de cette interruption anticonstitutionnelle ne sera reconnu" et a chargé son secrétaire général, José Miguel Insulza, d'entreprendre des "initiatives diplomatiques visant à restaurer la démocratie et l'Etat de droit".
Si ces exigences ne sont pas remplies dans les 72 heures, "l'Assemblée générale spéciale (...) suspendra le Honduras".
Mais la perspective d'une sortie de crise négociée était maigre mercredi, le gouvernement par intérim ayant exclu tout retour de Manuel Zelaya à la présidence et prévenu une nouvelle fois qu'il serait arrêté s'il rentrait au Honduras.
"Nous ne négocions ni la souveraineté nationale ni la présidence", a déclaré Enrique Ortez, ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire.
"Il n'y aucune chance" qu'il revienne au pouvoir, a-t-il ajouté dans un entretien accordé à Reuters.
Alors qu'il prévoyait de rentrer jeudi dans son pays avec plusieurs dirigeants étrangers, Manuel Zelaya a déclaré mercredi à la presse, après l'ultimatum de l'OEA, qu'il ne pensait pas s'y rendre avant le week-end.
Le président déchu a quitté mercredi Washington pour le Panama afin d'y assister à l'investiture du nouveau président, ont rapporté des responsables américains.
La veille, il avait affirmé au siège des Nations unies à New York qu'il serait accompagné à son retour à Tegucigalpa par les présidents argentin et équatorien et par les dirigeants de l'OEA et de l'Assemblée générale de l'Onu.
Pression
Enrique Ortez a en outre fait savoir que les nouvelles autorités honduriennes avaient renoncé à dépêcher une délégation à Washington pour entamer des pourparlers avec l'OEA, comme elles l'avaient envisagé.
Il a cependant affirmé qu'une mission de quatre pays de l'organisation panaméricaine se rendrait au Honduras cette semaine, information dont un porte-parole de l'OEA a dit ne pas avoir connaissance.
L'OEA a consacré mardi soir une séance spéciale au Honduras après le putsch de dimanche, le premier réussi en Amérique centrale depuis la fin de la Guerre froide.
L'Assemblée générale de l'Onu a adopté une résolution par consensus condamnant ce qu'elle a qualifié de coup d'Etat et a demandé "le rétablissement immédiat et sans conditions du gouvernement légitime et constitutionnel" du Honduras.
Les Etats-Unis ont également condamné l'éviction de Manuel Zelaya et le Pentagone a repoussé ses activités militaires conjointe avec l'armée hondurienne le temps que le président Barack Obama évalue la situation.
La pression diplomatique s'est en outre accentuée en Europe, où la France et l'Espagne ont rappelé leur ambassadeur pour consultations, une décision prise "en liaison avec les partenaires européens présents au Honduras", selon un communiqué de la diplomatie française.
Aux initiatives politiques se sont ajoutées des pressions économiques avec l'annonce par la Banque mondiale du "gel" de tous les prêts accordés dans le cadre de programmes de développement.
La crise entre Manuel Zelaya et les militaires s'était aggravée avec la destitution du chef d'état-major, le général Romeo Vasquez, qui s'opposait à la tenue d'un référendum constitutionnel visant à permettre au président de briguer un second mandat de quatre ans.
La Cour suprême du Honduras s'était prononcée contre le limogeage du général Vasquez et avait demandé au chef de l'Etat,
au pouvoir depuis 2006, de le rétablir dans ses fonctions. Elle dit avoir elle-même demandé à l'armée de l'évincer en raison de son intention d'organiser un référendum "illégal".