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Il a survécu à un débarquement et à plusieurs tentatives d’assassinats. Il a tenu tête à 11 présidents américains et à la pression de 48 années d'embargo. Décédé le 25 novembre 2016, Fidel Castro a régné durant 50 ans sur la vie cubaine.
Pour certains, Fidel Castro incarnait le défenseur de la justice sociale, héros de la révolution cubaine. Pour d'autres, il n’était qu’un dictateur accroché au pouvoir. L'ancien président cubain et père de la révolution est mort vendredi 25 novembre, à La Havane, à l'âge de 90 ans, a annoncé samedi son frère Raul.
De tout temps, El commandante a déchaîné les passions. "Sa personnalité est si complexe que chacun peut repartir d'une même entrevue avec lui avec une impression différente", disait de lui son ami et écrivain colombien, prix Nobel de littérature, Gabriel Garcia Marquez.
Mais tous s'accordent sur l'intelligence du personnage, qui se révèle dès son jeune âge. Brillant aussi bien dans les matières académiques que sportives, Fidel Alejandro Castro Ruz, fils d’un propriétaire terrien d’origine galicienne, part étudier à 19 ans le droit à l’université de La Havane. Promis à une belle carrière, l'étudiant rebelle et patriote se découvre une passion pour la politique.
Sa première lutte : trouver tous les moyens légaux pour invalider le coup d'État du général Batista en 1952. En vain. Inspiré par les écrits de Marti, héros de l'indépendance cubaine, et Marx, il juge alors que l'unique recours est la prise révolutionnaire du pouvoir. Il organise une insurrection avec un groupe armé contre la caserne de Moncada le 26 juillet 1953 qui tourne au fiasco. Arrêté, Castro choisit d’assurer sa propre défense lors de son procès. "L'histoire m'acquittera", lance-t-il lors de sa plaidoirie, véritable discours enflammé contre le pouvoir politique. Condamné à 15 ans de prison, il sera amnistié en 1955.
En sortant de prison, Fidel et son frère Raul fondent le Mouvement du 26 juillet et s'exilent au Mexique pour organiser une insurrection armée. Castro rencontre un médecin argentin, du nom d’Ernesto "Che" Guevara, avec qui il partage des affinités idéologiques. Le 25 novembre 1956, les trois camarades embarquent avec 78 autres hommes à bord d’un navire baptisé Granma. Mais ils sont attaqués par surprise par l'armée de Batista lors du débarquement. Une poignée de survivants, dont Fidel, Raul et le Che, se réfugie dans la Sierra Maestra. Durant deux années, la guérilla se renforce d’une centaine d'hommes et finit par prendre le dessus sur l’armée... au point que Batista, lâché par les États-Unis, fuit l’île à l’aube du 1er janvier 1959.
Arrivée triomphale à La Havane
Huit jours plus tard, les barbudos emmenés par Castro font une entrée triomphale à la Havane. La révolution est en marche. Grand et charismatique, l’homme au treillis vert olive bénéficie d’un indéniable soutien auprès des Cubains qui voient en lui un héros de la démocratie. Il mène une politique de nationalisation et de collectivisation agraire et se rapproche dans la foulée de l'Union soviétique en signant des accords commerciaux. Washington ferme son ambassade à La Havane. Quatre mois plus tard, Fidel déclare le caractère "socialiste" de la révolution cubaine.
Au même instant, il apprend que se prépare un débarquement orchestré par la CIA. Sous le nom de brigade 2506, 1 500 exilés cubains arrivent sur la Baie des Cochons au sud de l’île, mais sont rapidement déroutés. El Commandante, qui s'est révélé être un véritable chef de guerre sur le terrain, gagne en popularité.
En pleine guerre froide, Cuba devient le théâtre d'affrontement entre les deux blocs. Moscou place, en 1962, des missiles sur l'île afin de dissuader Washington de toute tentative d'attaque. En découvrant les installations à quelques kilomètres de ses propres côtes, les États-Unis y voient une agression. La crise dure douze jours et le monde tremble jusqu'à ce que Khrouchtchev décide du retrait des lance-missiles, en échange de la promesse américaine de ne pas envahir l'île.
Le 3 février, John Fitzgerald Kennedy décrète un embargo économique contre l'île. Mais l'économie cubaine, arrosée de subventions par l'URSS, peut se targuer de résultats florissants dans les années 1970 : l'analphabétisme est quasiment éradiqué, le nombre de médecins multiplié par quatre, le système de santé nationalisé permettant à chacun d'accéder aux soins. C'est l'époque du castrisme glorieux qui cherche à se répandre sur la scène internationale. Des soldats cubains interviennent de façon directe dans des conflits pour soutenir les nations socialistes, notamment en Angola (1975) et en Éthiopie (1978).
Plus de 20 000 prisonniers politiques en 1965
Mais l'économie s'essouffle durant les années 1980 et le gouvernement autorise le départ de 125 000 candidats à l'exil vers la Floride. L’île impose un rationnement de tous les biens de première nécessité. L'image de Castro est écornée par les critiques internationales qui dénoncent la censure. Seule la presse officielle est autorisée. Les détenus politiques remplissent massivement les prisons. Le régime en dénombrait officiellement plus de 20 000 en 1965. En 1988, la commission de l’ONU rend un rapport accablant de 400 pages sur le respect des droits de l’Homme. Fidel est de plus en plus isolé sur la scène internationale.
Le socialisme de Castro est remis en question avec la chute de l’Union soviétique. Cuba, qui réalisait 80 % de ses échanges extérieurs avec le bloc soviétique est brutalement amputé de ressources stratégiques. Entre 1991 et 1994, le PIB s'écroule de 35 % et le revenu par habitant chute de 40 %. Cuba entre dans la "période spéciale", la révolution castriste s’érode.
Fidel ouvre alors l’île aux investisseurs étrangers et au tourisme. Les Cubains sont autorisés à recevoir des devises. L’économie se redresse timidement. Mais les promesses de Castro n'empêchent pas plusieurs milliers de "balseros" de rejoindre la Floride à bord de barques.
L'idéologie de Castro trouve écho hors des frontières de l'île. En Amérique latine, le président du Venezuela Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à sa mort en 2013, se présentait comme son héritier.
En raison d'un cancer du colon, Fidel est contraint, le 31 juillet 2006, de céder "à titre provisoire" le pouvoir à son frère Raul, vice-président du Conseil d'État. Après de longs mois de rumeurs et de démentis, il quitte ses fonctions définitivement en février 2008 et désigne Raul comme héritier. Le pragmatique, spécialiste de l'économie, succède à l'idéologue. Soucieux de rester présent dans le débat politique, Fidel continue de publier des écrits et reçoit régulièrement des chefs d'État. Ses apparitions en public étaient devenues de plus en plus rares.
Au cours de sa vie, Fidel a échappé à plusieurs centaines de tentatives d'assassinat. Le général Fabian Escalante, ancien chef des services secrets cubain, en a recensé 638. Le temps et la maladie auront finalement eu raison de lui.
Chronologie :
- 13 août 1926 : naissance de Fidel Alejandro Castro Ruz à Horin, à l’est de Cuba.
- 1945 : études le droit à l’université de La Havane.
- 1952 : coup d'État du général Batista en 1952
- 26 juillet 1953 : insurrection contre la caserne de Moncada. Condamné à 15 ans de prison, Castro sera amnistié deux ans plus tard.
- 25 novembre 1956 : il embarque sur le Granma, avec 80 hommes.
- 1er janvier 1959 : Batista, lâché par les États-Unis, fuit le pays.
- 8 janvier 1959 : arrivée triomphale de Castro à La Havane
- 1960 : début de la politique de nationalisation et de collectivisation agraire
- 3 janvier 1961 : les États-Unis rompent leurs relations avec Cuba et ferment leur ambassade.
- Mai 1961 : Fidel Castro déclare le caractère "socialiste" de la révolution. Débarquement de la baie des cochons.
- Janvier 1962 : crise des missiles
- 3 février 1962 : Kennedy ordonne l'embargo économique, commercial et financier sur Cuba.
- 1989 : chute du régime soviétique
- 31 juillet 2006 : Castro cède "à titre provisoire" le pouvoir à son frère Raul.
- 19 février 2008 : il quitte définitivement le pouvoir et désigne Raul comme héritier.
- Août 2010 : sort ses mémoires sur la Sierra Maestra.
- Avril 2011 : il abandonne ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul.
- 1er juillet 2015 : Washington et La Havane officialisent le rétablissement de leurs relations diplomatiques.
-25 novembre 2016 : Fidel Castro meurt à l'âge de 90 ans. Cuba décrète neuf jours de deuil national.