logo

Présidentielle en Haïti : deux partis revendiquent la victoire

Au lendemain du scrutin de l'élection présidentielle en Haïti, dont le dépouillement doit durer une semaine, deux candidats ont d'ores et déjà revendiqué la victoire, suscitant un regain de tension dans le pays.

Le parti PHTK (Parti haïtien Tèt kale) et les partisans de Fanmi Lavalas ont chacun proclamé, lundi 21 novembre, la victoire de leur candidat au premier tour de l'élection présidentielle en Haïti, des déclarations prématurées qui ont été critiquées par la communauté internationale. Non seulement le dépouillement des bulletins de vote déposés dans les urnes, dimanche, est loin d'être achevé mais, en plus, seul le Conseil électoral provisoire (CEP) est habilité à publier les résultats.

"Le candidat Jovenel Moïse est le président élu d'Haïti", a déclaré Rudy Hérivaux, porte-parole du PHTK. "Officiellement nous savons déjà, le pays le sait, le monde entier sait qui est le président élu d'Haïti et ça n'est pas un mystère", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Pétionville, près de la capitale.

"Le PHTK essaie tout pour dévier le vote du peuple"

À quelques kilomètres de là, des centaines de sympathisants du parti Fanmi Lavalas avaient investi les rues des quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince pour, eux aussi, revendiquer la victoire.

"Notre choix a été clair mais le PHTK essaie tout pour dévier le vote du peuple", a dénoncé Lucher Jean-Joseph, étudiant en droit.

"On va rester dans les rues jusqu'à ce qu'on nous donne ce qu'on a donné dans les urnes: on a voté Maryse Narcisse, elle a gagné dès le premier tour, y'a pas à sortir de là. Ils veulent la révolution, on va leur donner", a-t-il lancé.

Un an de crise

Dimanche, près de 6,2 millions d'électeurs haïtiens se sont rendus dans les bureaux de vote pour élire le président ainsi que des députés et des sénateurs. 

La communauté internationale a salué, lundi, la bonne tenue du scrutin, qui doit permettre de restaurer l'ordre constitutionnel en Haïti, après plus d'un an de crise.

Les scrutins présidentiel et législatif avaient été organisés en 2015 mais, à cause d'actes de violence et face aux preuves de fraudes massives, les autorités avaient annulé la présidentielle et une partie des élections parlementaires.

Michel Martelly, élu président en 2011, n'a de ce fait pas transmis le pouvoir à un successeur élu au suffrage universel : le Parlement a élu en février Jocelerme Privert, alors président du Sénat, au poste de président provisoire.

Reprogrammé pour le 9 octobre, le premier tour de la présidentielle a dû être reporté à cause du passage de l'ouragan dévastateur Matthew sur le sud du pays le 4 octobre. Il a fait plus de 540 morts.

Patience et retenue

Après les déclarations de victoire des partisans du PHTK et de Fanmi Lavalas, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon a appelé lundi les différents acteurs au respect des institutions, leur demandant de "placer l'intérêt national au-dessus de toute autre considération". Ban Ki-Moon a "exhorté tous les acteurs à attendre les résultats proclamés par le CEP et à avoir recours uniquement aux voies légales en cas de contestation".

L'Organisation des États américains (OEA), qui a déployé en Haïti une mission d'observation électorale de 130 membres, a également incité les partis à faire preuve de retenue.

"Nous ne pouvons contrôler les déclarations des partis politiques : ils ont leur propre stratégie mais il est important que les gens attendent les résultats officiels et ne soient pas influencés par les déclarations politiques", a commenté Gerardo De Icaza, directeur du département de l'OEA en Haïti pour la coopération et l'observation électorale.

"Nous ne sommes pas d'accord avec les partis politiques qui font des déclarations et ne respectent les institutions", a-t-il indiqué, après la présentation du rapport préliminaire de la mission d'observation.

Avec AFP