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Sarkozy, Fillon, Juppé : dernier round pour mobiliser avant le premier tour

À moins de 48 heures du premier tour de la primaire de la droite et du centre, Sarkozy, Fillon et Juppé, grands favoris du scrutin, ont avancé leurs derniers pions, vendredi soir, lors de rassemblements à Nîmes, Paris et Lille.

Pour leur dernière soirée de campagne avant le premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 20 novembre, les trois favoris des sondages – Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon – organisaient chacun un meeting dans la soirée du vendredi 18 novembre. L’occasion pour les candidats de mobiliser une dernière fois leurs troupes avant un scrutin qui s’annonce plus ouvert que jamais.

À Nîmes, chez les Sarkozistes

Chez les Sarkozistes réunis à Nîmes autour de leur candidat, l’ambiance des grands soirs n’était pas au rendez-vous, avec un meeting plutôt scolaire et sage. Pour son dernier rendez-vous politique avant le premier tour de la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy a choisi de s’adresser à ses partisans dans la grande salle omnisport du Parnasse, à quelques kilomètres des fameuses arènes, où environ 3 500 personnes étaient réunies. Si plusieurs dizaines de jeunes avaient fait le déplacement, une grande partie de l’assistance était composée de retraités. "Oui, ce n’est pas la ville où l’on trouvera le plus de jeunes au meeting de Sarko", remarque en riant Maxence, 21 ans, présent dans le "carré jeunes". À ses côtés, Linda, 15 ans, semble un peu s’ennuyer. C’est sans doute la plus jeune personne du rassemblement. "J’ai accompagné mon père", précise-t-elle timidement. "Mais j’aime bien Sarkozy, je le trouve charismatique".

Au cours des 50 minutes qu’a duré le meeting, les drapeaux bleu blanc rouge ont flotté, les "ennemis" politiques ont été hués, les sorties choc de l’ancien président ("Ici, nos filles sont libres !") applaudies, mais la plupart du temps, les militants nîmois sont restés assis sur leur sièges pour écouter leur candidat. Seule la Marseillaise entonnée à la fin du meeting a fait lever l'assistance. Vingt minutes après la fin du discours du candidat, le Parnasse était quasiment désert.

Dans le public se trouvaient de nombreuses femmes, se déclarant "amoureuses" de l’ancien président. "Nicolas, c’est le meilleur d’entre tous", estime Martine, 64 ans. Elle ajoute qu’elle pourrait "peut-être avoir la chance" d’embrasser le candidat "en coulisses" ce vendredi soir. Certains hommes aussi, conquis, comme Alain, la soixantaine, un sarkozyste de la première heure. "Il est génial, il est fort, je ne pourrais voter pour personne d’autre", déclare-t-il avec admiration.

Comme Robert, de nombreux Nîmois dans la salle ont assuré qu’ils voteraient "Sarko ou rien" (comprendre ni Juppé, ni Fillon) voire FN lors de la présidentielle de 2017. "S’il ne passe pas la primaire, je vote FN", déclare ainsi Robert, au fond de la salle, venu avec sa femme. "Je ne donnerai pas ma voix à des imposteurs".

Les thèmes abordés pendant le discours ont sans surprise concerné la place de l’islam en France et de la lutte contre le terrorisme. Nicolas Sarkozy a longuement insisté sur "la guerre implacable" qu’il mènerait contre les terroristes, sur la lutte qu’il entreprendrait contre l’islam intégriste. Il a de nouveau remis en question le regroupement familial : "On choisit la France pour ses valeurs pas pour ses prestations sociales". Il a aussi longuement évoqué la place de la femme dans la société, réaffirmant son opposition au burkini, "aux horaires dans les piscines pour les hommes et les femmes", au voile dans les universités. "La gauche est trop laxiste sur ces sujets, lui, il est ferme", explique Karim, un militant sarkozyste de 30 ans, musulman pratiquant. "La religion, c'est chez soi, dès que tu mets un pied dans l'espace public, tu retires ton voile, un point c'est tout".

Nicolas Sarkozy a également évoqué le sort des travailleurs, des classes populaires, les "oubliés", des "méritants". Pour elles, il promet de ne jamais augmenter les impôts s’il revient au pouvoir. De ne pas augmenter la TVA. Il a enfin mis en garde contre les extrêmes. "Si nous ratons 2017, je crains des conséquences très graves pour le pays", a-t-il déclaré craignant que le Front national ne rafle de nombreuses voix de droite.

Après avoir évoqué Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité non plus à égratigner ses adversaires, Alain Juppé notamment, ou le président de la République dont il a dit tout le bien qu’il pensait.

Démonstration de force à Paris pour François Fillon

Est-ce le signe d’une prochaine victoire pour François Fillon ? La démonstration de force a, en tout cas, remporté un franc succès. Il y avait tellement de monde pour venir voir l’ancien Premier ministre à Paris que les 4 000 places du Palais des congrès n’ont pas suffi. Plus de 7 000 personnes se sont en effet déplacées, vendredi soir, pour le dernier meeting de campagne du député de Paris, selon les organisateurs. Ces derniers ont donc dû louer deux salles de conférence dans des hôtels de la porte Maillot pour pouvoir accueillir les 3 000 déçus qui ont dû se contenter d’écouter François Fillon sur écran géant.

Tous louent "son sérieux et ses convictions". "C'est quelqu'un de posé, de sérieux, qui ne prend pas la politique à la légère et, surtout, qui a une vision à long terme pour la France, propose des solutions et une méthode. Ce n'est pas quelqu'un qui change d'avis sans arrêt ou qui dit des choses pour faire plaisir aux gens, il a des convictions", explique notamment Stéphane, 47 ans, stewart chez Air France.

Dans un discours qui a duré environ une heure, celui qui vient de faire une percée inédite dans les sondages, et qui espère bien se hisser au second tour de la primaire de la droite et du centre, a consacré plus du tiers de son temps à son désir de libérer la France.

"Tous les pays qui ont réussi autour de nous sur l’emploi ont choisi la liberté alors que ceux qui ont échoué ont préféré l’uniformité", a-t-il lancé, soulignant qu'il "ne parle pas de réformes" mais "en appelle à une transformation économique et sociale". Il s’est dépeint comme "celui qui propose les solutions les plus cohérentes, les plus radicales, celui qui s'adresse directement aux Français, à leur lucidité, à leur courage".

Pour le reste, François Fillon a parlé autorité, famille, éducation, immigration, islamisme, lutte contre le terrorisme et politique étrangère, développant sans surprise les idées de son programme.

Davantage qu’un dernier meeting de campagne de primaire, le député de Paris a semblé vouloir prendre de la hauteur, se positionnant d’ores et déjà en présidentiable. Il y a eu, bien sûr, quelques attaques visant les deux autres favoris de la primaire, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

"L'élection présidentielle de 2017 ne peut pas être celle de la revanche, elle ne peut pas être celle d'une alternance classique", a-t-il asséné. "Il serait bien court de vouloir Alain Juppé pour ne pas avoir Nicolas Sarkozy, et Nicolas Sarkozy pour ne pas avoir François Bayrou".

Mais dans l’ensemble, c’est essentiellement l’actuel chef de l’État qui a été la cible de ses attaques. "François Hollande nous laisse une France en dépôt de bilan", a-t-il affirmé. En avril et mai 2017, "je l'affronterai, lui ou un autre, comme j'affronterai l'extrême droite et son programme démagogique, et nous les vaincrons le moment venu ! Mais la victoire n'est pas une fin en soi. Nous nous battons pour redresser notre pays", a averti François Fillon, qui se voit plus que jamais comme le prochain président de la République.

À Lille, des juppéistes pas toujours convaincus

Dans le Grand Palais de Lille, les jeunes juppéistes s'attellent à ranger la salle dans laquelle Alain Juppé vient de terminer son discours d’une heure et demie lors duquel il a rappelé les grands axes de sa campagne, tels que l'économie, l'éducation, la politique étrangère, devant quelque 2 000 sympathisants.

Parmi eux, Nina, 22 ans, qui soutient le favori des sondages depuis plusieurs mois déjà, se réjouit de sa prestation. "C'est le candidat le plus convaincant, la meilleure alternative pour 2017 car il veut nous rassembler", indique-t-elle avec beaucoup d'enthousiasme. À la veille du premier tour, Alain Juppé n'a pourtant pas réussi à obtenir le soutien du grand ténor des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui est absent du meeting, ne souhaitant pas prendre position pendant cette primaire. Peu importe, pour Juliette Lefèvre, militante parisienne qui n'a pas pu s'empêcher de revenir dans sa ville natale pour assister au meeting. "Xavier Bertand n'est qu'une seule voix parmi d'autres, nuance-t-elle. Il y a beaucoup d'autres électeurs à convaincre ici".

Si les jeunes convaincus chauffent la salle, la foule est loin d'avoir la même "super pêche" qu’au Zénith de Paris, lundi dernier. Peut être parce que tous les participants présents n'ont pas encore vraiment arrêté leur choix. Venu avec son épouse, Franck n'est "pas encore certain de voter pour Alain Juppé" et se donne jusqu'au dernier moment pour se décider. "Ce qui est sûr, c'est que je ne voterai pas pour Sarkozy", conclut-il.

À l'image de Franck, de nombreux électeurs se définissent plus comme des anti-Sarkozystes que comme des juppéistes convaincus. "D'habitude, on vote Modem, explique un couple de quinquagénaires. Comme François Bayrou soutient Alain Juppé et que c'est le candidat qui se rapproche le plus du centre, on votera Juppé". Un peu plus loin, deux amis, la quarantaine bien tassée, évoquent aussi Alain Juppé comme "un choix par défaut". "Venir le voir est une façon de nous conforter dans notre vote de dimanche". S’ils repartent souriants, ils ont laissé sur leur chaise la pancarte "AJ! Pour la France".

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