Pour démarrer la dernière semaine de campagne avant le premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 20 novembre, Bruno Le Maire était en meeting à La Plaine-Saint-Denis, lundi soir, où il a appelé ses partisans à ne pas douter.
Le slogan de Bruno Le Maire n’a jamais semblé aussi parfaitement choisi. "Ne vous résignez pas", pouvait-on lire un peu partout sur les affiches, lundi 14 novembre, lors de son meeting aux Docks de Paris, à La Plaine-Saint-Denis. Comme si, lorsque ce titre fut trouvé pour son livre de campagne paru en janvier, une intuition prédisait déjà que les sondages ne lui seraient pas favorables dans la dernière ligne droite de la primaire de la droite et du centre.
"Il n’y a pas de place, ici, dans notre cœur, pour l’inquiétude, pour le doute. Il n’y a de place que pour l’engagement, la détermination, la volonté, la force au service des Français qui attendent enfin que les choses changent dans notre pays", a lancé aux quelque 1 000 personnes venues l’écouter un Bruno Le Maire n’hésitant pas – enfin, diront certains – à fendre l’armure. "Aidez-moi", leur a-t-il aussi demandé, sans essayer de nier les récents sondages qui le placent loin, dorénavant avec moins de 10 % des intentions de vote, du trio Alain Juppé-Nicolas Sarkozy-François Fillon.
Est-ce parce que les chiffres sont si mauvais, qu’il n’y a désormais plus rien à perdre, que Bruno Le Maire ose enfin tout donner ? "C’est vrai que si j’avais quelque chose à me reprocher pendant cette campagne, c’est de ne pas m’être lâché plus tôt", reconnaît-il ainsi en privé.
Jusqu’ici, ses meetings de campagne étaient propres, clairs, efficaces. Le programme y était exposé de façon pédagogique. Mais il manquait cette ferveur propre aux candidats capables d’enclencher un mouvement, de soulever les foules. Lundi soir, changement de ton. L’ancien ministre de l’Agriculture a "mis les tripes sur la table", comme le reconnaît volontiers son entourage.
Heureusement pour lui, les électeurs ont souvent la mémoire courte. Sa mauvaise prestation lors du premier débat télévisé ? Peu importe, il y en a déjà eu un deuxième et il en reste encore un dernier, jeudi 17 novembre. Or c’est ce débat qui restera dans toutes les têtes avant le premier tour, dimanche, veut croire son équipe de campagne.
"Beaucoup d’électeurs changent d’avis"
Quant aux sondages, il ne faut pas s’y fier, répète-t-on à l’envie. "C’est la semaine des incertitudes, veut croire le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jégo, présent au meeting. Je vois beaucoup de gens et il y en a beaucoup qui n’ont pas encore pris leur décision, qui hésitent, qui changent d’avis, qui écoutent, qui voudraient trouver la meilleure solution. Ça veut dire qu’il faut y aller jusqu’au bout."
Yves Jégo, député : "Beaucoup de gens n'ont pas encore pris leur décision et changent d'avis" pic.twitter.com/d4lNXdlphp
— Romain Brunet (@romain2dc) 14 novembre 2016Pour voir les vidéos sur votre smartphone ou tablette, cliquez ici.
Les sondeurs soulignent en effet la très grande volatilité de leurs enquêtes d’opinion et, notamment, qu’un électeur changeant de candidat dans cette primaire n’a pas le sentiment de trahir son camp et le fait donc plus facilement. "Il y a bien 10 ou 15 points qui peuvent changer d’un candidat à l’autre sur ce scrutin, personne ne peut prédire quel sera le résultat dimanche", estime un membre de l’équipe de Bruno Le Maire.
Le député de l’Eure entend donc faire campagne jusqu’au dernier jour, sans se soucier des mauvaises nouvelles. "Quelles que soient les difficultés, les vents adverses, on porte son engagement jusqu’au bout avec la plus grande pugnacité pour aller arracher la victoire", a-t-il affirmé, insistant comme à chaque meeting sur la carte du renouveau.
Entre audace et sécurité
Celle-ci est à la fois son va-tout et son plus gros handicap. Elle lui permet de séduire des électeurs de droite qui ont soif de nouveaux visages et d’une nouvelle façon de faire de la politique. "Le renouveau, c’est une nouvelle tête, mais c’est aussi dans la pratique, dans les idées, dans l’exemplarité que porte Bruno Le Maire, qui sont à l’opposé de ce que propose le trio de tête qu’on veut nous imposer", dit ainsi avec son cœur Corentin, 19 ans, très actif sur le terrain dans le 17e arrondissement de Paris.
Corentin, 19 ans : "Le renouveau c'est aussi dans la pratique, dans les idées, dans l'exemplarité que portent Bruno Le Maire" pic.twitter.com/n33r8CtPpj
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Mais Bruno Le Maire en convient, la nouveauté est également synonyme d’inconnu pour les électeurs, tandis que François Fillon, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé représenteraient, eux, la sécurité.
"Je vois bien cette hésitation entre volonté d’audace et la sécurité, l’habitude. N’ayez pas peur, il faut choisir l’audace. C’est en 2017 que ça se joue, que la France a rendez-vous avec son histoire. Nous ne pouvons pas attendre cinq ans", a-t-il fini par lancer à ceux qui feraient bien de lui leur candidat idéal… mais pour 2022.