Les purges se poursuivent en Turquie, notamment dans la presse, avec l'arrestation, vendredi matin, du patron du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet, accusé par le gouvernement d'"activités terroristes" en lien avec le prédicateur Fethullah Gülen.
Le président du directoire du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet, Akin Atalay, a été arrêté et placé en garde à vue, vendredi 11 novembre, a annoncé la rédaction du journal dont neuf journalistes avaient été mis en détention la semaine dernière.
Akin Atalay a été interpellé à son arrivée à l'aéroport Atatürk d'Istanbul, en provenance d'Allemagne, a précisé Cumhuriyet sur son site. Il était visé par un mandat d'arrêt dans le cadre d'une enquête sur des "activités terroristes".
La semaine dernière, neuf journalistes de Cumhuriyet, dont le rédacteur en chef Murat Sabuncu, ont été placés en détention, une mesure qui a suscité l'inquiétude des défenseurs des droits de l'Homme et des critiques internationales.
Le parquet avait annoncé au moment des arrestations que celles-ci se faisaient dans le cadre d'une enquête pour "activités terroristes" en lien avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen – accusé d'avoir ourdi le putsch raté du mois de juillet – et avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Akin Atalay a été arrêté à sa descente d'avion par des policiers qui l'ont fait monter dans un véhicule qui attendait sur le tarmac de l'aéroport, a précisé Cumhuriyet.
Une centaine de journalistes arrêtés
Le quotidien d'opposition farouchement critique du président Recep tayyip Erdogan a assuré après les arrestations de ses journalistes qu'il lutterait "jusqu'au bout", dans un pays où la presse a été particulièrement visée par les purges menées depuis le putsch avorté.
Parmi les collaborateurs du journal placés en détention la semaine dernière figurent le chroniqueur Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart.
Des opposants au président Erdogan et des organisations de défense des droits de l'Homme accusent les autorités de se servir de l'état d'urgence instauré après la tentative de coup d'État pour étouffer toute critique.
Les autorités turques nient, pour leur part, toute atteinte à la liberté de la presse et affirment que les seuls journalistes arrêtés sont ceux liés à des "organisations terroristes", expression désignant le PKK et le réseau güléniste.
Selon l'Association des journalistes de Turquie (TGC), 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention et 777 cartes de presse annulées depuis mi-juillet.
La Turquie est 151e au classement mondial de la liberté de la presse dressé par RSF en 2016, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo.
Avec AFP