
La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a demandé pardon, vendredi, à ses concitoyens après sa mise en cause dans un scandale politique. Plus impopulaire que jamais, elle a annoncé son intention de coopérer avec la justice.
Mise en cause dans un scandale politique retentissant, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a accepté, vendredi lors d'une brève allocution télévisée, d'être entendue par le parquet qui enquête sur ce dossier.
En larmes, elle a demandé pardon à ses concitoyens tout en prenant ses distances avec Choi Soon-sil, une de ses proches, accusée de s'être servie de sa proximité avec Park Geun-hye pour peser sur la marche de l'État et se procurer des avantages financiers indus.
Dans son second discours à la nation en 10 jours, la présidente a reconnu qu'elle avait "baissé la garde" vis-à-vis de son amie de 40 ans. Celle-ci a fait l'objet jeudi d'un mandat d'arrêt officiel pour fraude et abus de pouvoir. "J'ai du mal à me pardonner et à dormir la nuit", a déclaré la présidente d'une voix chevrotante.
Une impopularité record
La présidente a cependant démenti les rumeurs les plus scabreuses circulant sur sa relation avec Choi Soon-sil, dépeinte par les médias sud-coréens sous les traits de "Raspoutine" : à savoir que sous son influence néfaste, elle aurait succombé à un culte et présidé à des rituels chamaniques à la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne.
Le scandale a réduit à néant la confiance de l'opinion publique dans la présidence de Park Geun-hye, à qui il reste plus d'un an de mandat. Il a provoqué des manifestations importantes, des appels à la démission ainsi qu'un vaste remaniement ministériel, allant jusqu'au limogeage du Premier ministre.
Selon un sondage Gallup publié vendredi, sa cote de popularité a dégringolé à 5 %, un record d'impopularité pour un chef de l'État en exercice en Corée du Sud.
Le parquet cherche à savoir si Choi Soon-sil, 60 ans, s'est servie de son amitié avec la présidente pour contraindre les conglomérats sud-coréens à verser de larges sommes à des fondations douteuses, qu'elle utilisait ensuite à des fins personnelles.
"En cas de besoin, je suis prête à répondre avec sincérité aux enquêtes des procureurs", a déclaré la présidente.
Aux termes de la Constitution sud-coréenne, un chef de l'État en exercice ne peut pas faire l'objet de poursuites pénales, sauf pour insurrection ou trahison. Mais certains hauts responsables font valoir que l'audition d'un président est possible dans le cadre d'une enquête plus vaste.
Dans son allocution, la présidente a expliqué qu'elle vivait "une existence solitaire" à la Maison Bleue et qu'elle s'était tournée vers Choi Soon-sil pour obtenir aide et amitié.
Frénésie médiatique
"J'avais confiance, mais j'ai été négligente, pas assez dure envers mes connaissances", a-t-elle dit, reconnaissant que les conséquences de cette affaire étaient de sa "faute".
Choi Soon-sil est la fille d'un mystérieux chef religieux, Choi Tae-min. Marié six fois, doté de multiples pseudonymes, il avait fondé un mouvement aux allures sectaires baptisé l'Église de la vie éternelle. Il était devenu le mentor de la présidente Park Geun-hye après l'assassinat en 1974 de sa mère, dont il disait qu'elle lui était apparue en rêve.
Sa fille est soupçonnée d'avoir eu son mot à dire sur les discours présidentiels, d'avoir eu accès à des documents confidentiels, de s'être mêlée des affaires du gouvernement, y compris des nominations au plus haut niveau.
Cette affaire a déclenché une frénésie médiatique: tous les jours, les médias publient des informations, souvent largement spéculatives et non étayées, sur des malversations diverses imputées à Choi Soon-sil ou sa famille.
"On a dit que j'avais succombé à un culte religieux ou que j'avais fait pratiquer [des rituels chamaniques] à la Maison Bleue mais je voudrais dire clairement que ce n'est absolument pas vrai", a déclaré la présidente.
Choo Mi-ae, chef du Parti démocratique, la principale formation de l'opposition, a balayé le discours présidentiel. "Elle ne semble pas comprendre la gravité de la situation. Ce qui l'intéresse, c'est uniquement se maintenir au pouvoir".
L'opposition se déchaîne contre Park Geun-hye mais s'abstient de réclamer sa démission. Un éventuel départ provoquerait une présidentielle anticipée qu'elle n'est pas sûre de gagner.
Avec AFP