La Russie, alliée de la Syrie, a fait jeudi une nouvelle proposition : assurer aux rebelles un retrait en toute sécurité d'Alep, une ville que Moscou et Damas bombardent sans relâche depuis trois semaines pour vaincre les insurgés.
"Nous sommes prêts à assurer un retrait sécurisé aux rebelles avec leurs armes, le libre passage des civils de la partie est d'Alep et leur retour, ainsi que l'acheminement d'aide humanitaire", a déclaré, jeudi 13 octobre, le général russe Sergueï Roudskoï. La deuxième ville du pays, principale front du conflit syrien, connaît les pires violences depuis le début, il y a trois semaines, d'une offensive de l'armée syrienne appuyée par les avions russes. Une opération visant à reconquérir la partie rebelle, qui échappe au pouvoir depuis 2012.
Dans la partie d'Alep-est, où vivent 250.000 habitants, plus de 370 personnes, essentiellement des civils dont 68 enfants, ont été tués depuis le 22 septembre dans les bombardements aériens et d'artillerie, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Manœuvre russe ?
Cette nouvelle proposition russe de points de sortie "sécurisés" – après une première en juillet – intervient avant une réunion internationale sur la Syrie prévue samedi à Lausanne (Suisse) entre Russes, Américains et représentants des pays de la région.
Il n'y a pas de changement dans la stratégie russe: l'objectif reste la destruction de la présence de rebelles à Alep.
Thomas Pierret, expert de la question syrienne
Selon les analystes, cette proposition est une manœuvre pour soulager la pression en semblant présenter des alternatives diplomatiques."Il n'y a pas de changement dans la stratégie russe : l'objectif reste la destruction de la présence de rebelles à Alep", estime Thomas Pierret, expert de la question syrienne.
Le prochain secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affirmé qu'il était "grand temps" de surmonter les divisions de la communauté internationale sur la Syrie. Mais cinq ans après le début du conflit, cette dernière s'avère toujours incapable d'arrêter le bain de sang.
Poursuite des discussions
Les États-Unis et la Russie, qui avaient "suspendu" il y a plusieurs jours leur dialogue sur la Syrie, ont annoncé deux réunions internationales avec des puissances arabes et européennes : la première samedi à Lausanne, la seconde dimanche à Londres. Selon le porte-parole du département d'État américain, John Kirby, le principal sujet de conversation à Lausanne sera "la brutalité continue du siège d'Alep et les frappes intentionnelles de l'armée russe et du régime syrien".
Le président russe "Vladimir Poutine a exprimé l'espoir que la rencontre prévue le 15 octobre à Lausanne (...) soit productive afin de contribuer réellement au règlement" du conflit syrien, a rétorqué le Kremlin. La semaine dernière, la Russie avait mis son veto à une résolution française au Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoyait un cessez-le-feu à Alep et l'interdiction de tout survol militaire.
Avec AFP