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De plus en plus d'États brandissent la menace terroriste pour recourir à la peine de mort

À l'occasion de la 14e Journée mondiale contre la peine de mort, des centaines de manifestations ont été organisées un peu partout dans le monde. Abolie dans les deux tiers des pays du monde, elle reste encore en vigueur dans 58 États.

Des centaines de manifestations ont eu lieu lundi 10 octobre à l’initiative de la Coalition mondiale contre la peine de mort lors de la 14e Journée mondiale contre la peine de mort. Pour ce collectif international d'ONG, une sensibilisation est plus que jamais nécessaire.

À contre courant du mouvement abolitionniste, de plus en plus d'État brandissent en effet la menace terroriste pour recourir à la peine de mort. Le cas du Pakistan vient confirmer cette tendance. Après des années de moratoire, Islamabad a repris les exécutions capitales après l'attaque terroriste contre une école de Peshawar en 2014. Même constat au Cameroun, où la peine de mort a été rétablie en 2004 pour lutter contre Boko Haram. Cette mesure n'a pas toutefois empêché la progression du groupe jihadiste.

De plus en plus d'États brandissent la menace terroriste pour recourir à la peine de mort

"Souvent c’est une utilisation politique de la peine de mort. Des lois vont passer pour rétablir la peine de mort pour terrorisme, mais dans la réalité, les terroristes sont rarement appréhendés, voir jugés et exécutés", explique ainsi Aurélie Plaçais, coordinatrice au sein de la Coalition mondiale contre la peine de mort.

"La peine de mort n’a aucune incidence sur l’utilisation du terrorisme par les terroristes. Souvent, ils réclament la mort en tant que martyr. Leur donner ce qu’ils demandent, ne les empêche en aucun cas de commettre un acte terroriste", précise-t-elle.

"Ce n'est pas le rôle d'un Etat"

En France, la peine de mort a été abolie il y a 35 ans quasiment jour pour jour, le 9 octobre 1981. Pourtant, la majorité des Français se dit encore favorable à l’exécution capitale. "Souvent la population va réagir sur l’émotion face à des crimes horribles sur des enfants, des attaques terroristes. C’est humain", estime Aurélie Plaçais. "Mais ce n’est pas le rôle d’un État. Ce n’est pas rendre justice ".

D'après Amnesty International, en 2015, 95 % des condamnations à mort ont eu lieu dans seulement cinq pays. La Chine arrive en tête, suivie par l'Arabie saoudite, l'Iran, le Pakistan et les États-Unis. Les Américains sont cependant les seuls de cette liste à débattre de la peine de mort. Si elle reste en vigueur au niveau fédéral, plusieurs états fédérés ont aboli ces dernières années la peine capitale.