Le bilan du passage de l'ouragan Matthew ne cesse de s'alourdir, passant à au moins 400 morts en Haïti. Le sud et l'ouest de l'île ont été les plus touchés par la dépression, qui s'est éloignée et frappe maintenant les États-Unis.
L'ouragan Matthew a provoqué la mort d'au moins 400 personnes en Haïti, a annoncé vendredi 7 octobre le sénateur du département haïtien du Sud, Hervé Fourcand. La protection civile du Sud a évoqué pour sa part un bilan de 315 morts, mais sans prendre en compte les communes de Camp Perrin, Les Anglais, Coteaux et Arniquet. Le ministère de l'Intérieur faisait état, lui, de 271 morts. Les zones touchées de plein fouet en Haïti restent toujours difficiles d'accès, rendant difficile l'évaluation du nombre de victimes.
Trois jours après le passage de la dépression, les informations continuent à arriver des villages haïtiens isolés par les inondations et les glissements de terrain. Trois villes signalent plusieurs dizaines de morts. C'est le cas de Chantal, dont le maire a fait état de 86 tués, pour la plupart victimes de chutes d'arbres, et de 20 disparus.
La région de Grand'Anse, dans le Nord, compte également de nombreux disparus, tout comme Les Anglais, où ils sont "plusieurs dizaines", selon un membre de l'administration locale joint par Reuters.
Dans le département du sud, qui compte 700 000 habitants, 80 % des habitations ont été endommagées et 11 000 personnes ont trouvé refuge dans des abris de fortune, a déclaré un membre de l'administration, lors d'une réunion avec des représentants de l'ONU.
Un million de personnes sont dans le besoin, selon l'ONG Care-France : "Beaucoup d'habitants ont tout perdu. Ils n'ont plus rien, hormis les vêtements qu'ils portent". Selon le bureau des Nations unies pour l'aide humanitaire (OCHA), jusqu'à 80 % des récoltes ont été perdues par endroits.
Le gouvernement évalue à 350 000 le nombre de sinistrés ayant besoin d'une aide immédiate, selon un porte-parole de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Considéré comme l’ouragan le plus violent à frapper les Caraïbes depuis près de dix ans, Matthew a tué au moins quatre personnes en République dominicaine.
Menace d'une nouvelle épidémie de choléra
Même si l’ouragan s’est déplacé et frappe maintenant les côtes du sud-est des États-Unis où l’état d’urgence a été déclaré, la situation sanitaire est dramatique à Haïti. À Anse-d'Hainault, sept personnes ont succombé au choléra et 17 cas de la maladie ont été signalés aux Chardonnières, sur la côte sud.
Les priorités sont par conséquent "l'approvisionnement en eau potable" et "les opérations d'assainissement" de l'eau, a expliqué à l'AFP Émilie Bernard de l'ONG Acted, qui va envoyer lundi plusieurs stations de traitement d'eau pour approvisionner 11 000 personnes par jour en eau potable. Les craintes d'épidémies sont d'autant plus fortes que de nombreux centres de santé ont été détériorés.
"À cause des graves inondations et de leurs conséquences sur les installations sanitaires, les cas de choléra devraient se multiplier après le passage de l'ouragan Matthew et pendant la saison des pluies, jusque début 2017", avertit l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), dans un communiqué.
La France a annoncé vendredi l’envoi d’aide humanitaire. "Le plus urgent est maintenant de fournir de l'eau potable à la population et de prévenir les risques sanitaires", souligne l'Élysée dans un communiqué. "Un avion sera affrété pour transporter 60 militaires de la sécurité civile, ainsi que 32 tonnes de matériel, dont deux stations de purification de l'eau, des kits médicaux, du matériel humanitaire de première urgence", ajoute la présidence. Un navire de l'US Navy est également en route vers Haïti.
Avec AFP et Reuters