Emmanuel Macron a proposé mardi à Strasbourg d'ambitieuses réformes pour réconcilier les Français avec la politique. Il ne s'est pas officiellement déclaré mais a fortement laissé entendre qu'il serait candidat à l'élection présidentielle de 2017.
C’est un programme ambitieux qu’a dévoilé l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande. Emmanuel Macron a proposé mardi 4 octobre des réformes institutionnelles pour réconcilier les Français avec la politique, sans se déclarer officiellement candidat à l'élection présidentielle de 2017 mais en le suggérant fortement.
Celui qui a repris sa liberté fin août en quittant le gouvernement, a dénoncé d’un meeting qui s’est tenu à Strasbourg une "démocratie confisquée" par une classe politique de professionnels inamovibles souvent issus de la fonction publique ou des professions libérales, qui ne représentent plus les Français.
"Nous avons un défi de représentativité qui est au cœur du système électoral français", a-t-il précisé devant un millier de membres et de sympathisants de son mouvement "En marche !", qui ambitionne de réunir des citoyens de gauche et de droite autour d'un même diagnostic d'une société française dont les rouages sont bloqués.
"Quand la politique n'est plus une mission mais devient une profession, les responsables politiques ne sont plus des engagés mais peuvent devenir des intéressés", a-t-il affirmé.
"Ouvrir le système"
L'énarque-philosophe de 38 ans a convenu être lui-même "l'archétype de ce système politique", mais a rappelé qu'il avait renoncé à son emploi de haut fonctionnaire – pour travailler dans la banque – puis à son poste de ministre pour défendre ses idées.
Il veut permettre à des candidats de la société civile d'accéder, par des formations, à la représentation nationale et au contraire proposer aux élus en fonction des voies de reconversion.
Pour "ouvrir le système", Emmanuel Macron juge nécessaire d'introduire plus de proportionnelle dans la représentation parlementaire, au "risque" assumé de faire entrer plus de représentants du Front national à l'Assemblée nationale.
Emmanuel Macron propose encore la création, à côté du Parlement, d'une "commission des citoyens", dont les membres seraient choisis au hasard et devant laquelle le président de la République devrait rendre des comptes chaque année.
Il a par ailleurs égratigné l'ancien président et candidat à la primaire de la droite Nicolas Sarkozy. "Peut-on imaginer sérieusement commander aux destinées du pays, se présenter au suffrage du pays, alors qu'on a délibérément dépassé le plafond des dépenses autorisées pour sa campagne ?", a lancé-t-il lancé en référence à l'affaire Bygmalion.
À l'issue d'une heure de discours, il n'a pas annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, mais son envolée finale ne laissait guère de doute : "Nous sommes tous ce soir celles et ceux qui avons décidé que notre destin, il était dans nos mains, que nous pouvions proposer au pays autre chose, pas une alternance stérile mais de nouvelles pratiques, de nouveaux objectifs. Rien ne pourra nous arrêter. Alors en marche !"
"Il peut faire perdre la gauche"
Les propositions d’Emmanuel Macron ont déplu à gauche comme à droite."Evidemment, il ne peut pas gagner. Par contre, [...] il peut faire perdre la gauche. Peut-être est-ce son objectif", a déclaré le ministre de l'Économie Michel Sapin au micro d’Europe 1 mercredi matin, tandis que l’ancien président de la république Nicolas Sarkozy (LR) a ironisé sur la volonté d’innover d’Emmanuel Macron.
"Celui qui a été nommé par François Hollande et qui mange la main de celui qui l'a nourri, c'est pas un comportement extrêmement novateur", a-t-il déclaré sur Radio Classique et Paris Première.
"Qu'a fait M. Macron ? Quelle est la décision qu'il a prise – deux ans ministre des Finances ? Aucune. Qu'a-t-il fait lorsqu'il était le collaborateur de François Hollande ? Préparer la pire politique économique qu'on a jamais connue", a asséné Nicolas Sarkozy.
"On ne peut pas prétendre être loyal en considérant qu'on appartient à un clan, qu'on est dans une fidélité vassalique, on est d'abord loyal quand on est fidèle à ses engagements, à ses idées", s'est défendu l'intéressé sur RTL plus tard dans la matinée.
Avec AFP