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Quinze salariés d’Air France comparaissaient mardi devant le tribunal de Bobigny. Ils sont accusés d’avoir malmenés deux responsables de la société dont les images, chemises en lambeaux, avaient fait le tour du monde.

Les photos des deux responsables des ressources humaines d’Air France, chemises déchirées, ont fait le tour du monde. Près d’un an après les faits, quinze salariés ont comparu mardi 27 septembre devant le tribunal de Bobigny.

En mai 2016, le tribunal avait renvoyé le procès à septembre, estimant que cette affaire nécessitait d'être examinée sur deux journées, et non une, comme initialement prévu, au vu du nombre de parties et de témoins. Cinq salariés sont poursuivis pour "violences en réunion", et dix autres pour "dégradations".

Mardi le procès des ces quinze employés a finalement débuté mais une grande agitation a vite gagné la salle des débats. Envoyé spécial de France 24 à Bobigny, Karim Hakiki raconte que le président a dû plusieurs fois rappelé les prévenus à l’ordre : "Ce n'est pas un cirque ici ! Arrêtez ou je fais évacuer la salle".

Le procès Air France des "chemises arrachées" reprend à Bobigny

Qui a déchiré la chemise du DRH ?

Selon le journaliste, cette agitation est due à la complexité de l'affaire. En effet, les vidéos ne permettent pas de répondre avec précision à la question centrale du procès : qui a déchiré la chemise du DRH ?

Dès lors, il était presque impossible pour les avocats des deux parties de faire valoir des arguments juridiques. "Il n'y avait pas de droit aujourd'hui, les avocats se sont livrés à une bataille de chiffonniers", résume Karim Hakiki.

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Par ailleurs, la présence, à l’extérieur du tribunal de Bobigny, de nombreux représentants de la CGT venus soutenir les salariés et mettre la pression sur le tribunal a très certainement contribué à l'agitation dans la salle.

L'intersyndicale d'Air France a, en effet, appelé à une grève et à un rassemblement en soutien aux prévenus. La CGT, qui compte plusieurs membres parmi les prévenus, veut transformer cette journée en tribune pour "les libertés syndicales". Cinq de ses adhérents, dont un représentant du personnel, ont été licenciés par la compagnie à la suite des événements.

Air France cité à comparaître pour immixtion dans un conflit du travail et entrave

Le 5 octobre 2015, le directeur des ressources humaines d'Air France, Xavier Broseta, et un responsable de l'activité long-courrier, Pierre Plissonnier, avaient été pris à partie par des salariés furieux après l'annonce de 2 900 suppressions de postes.

Les images montrant ces dirigeants fuyant les manifestants, chemise arrachée et costume déchiré, ont donc fait le tour du monde. Et d'autres cadres avaient été molestés et des vigiles blessés.

Mais la CGT-Air France et plusieurs prévenus accusent la compagnie aérienne d'avoir contribué à créer un climat propice à la confrontation, le 5 octobre 2015. Ils ont cité Air France à comparaître pour complicité d'immixtion dans un conflit du travail et entrave.

Alors que ces faits doivent être examinés le 9 décembre, Me Mhissen devrait plaider à l'ouverture de l'audience la jonction entre les deux affaires. Si le tribunal fait droit à sa demande, le procès, prévu pour durer jusqu'à mercredi, sera renvoyé au 9 décembre.

Au pénal, les salariés poursuivis pour violences encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Au civil, Air France leur réclame un euro symbolique ; le jugement sera mis en délibéré.

Avec AFP et Reuters