
L'accord de paix conclu entre le gouvernement de Bogota et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) met fin à 52 ans d'un conflit complexe. Reportage dans les rangs de l'ancienne guérilla qui s'apprête à devenir un parti politique.
La plus vieille guérilla marxiste du monde vit ses derniers jours en armes. Après 52 ans de conflit, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) doivent signer, dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 septembre, la paix avec le gouvernement de Bogota.
L'accord, conclu le 24 août à La Havane, doit être signé par le président Juan Manuel Santos et par le commandant en chef de l’ancienne guérilla, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez ou Timochenko.
"Les armes appartiennent maintenant au passé"
Au Front 57 de l’ex-rébellion, dans le nord-ouest de la Colombie, les combattants se félicitent de cette étape historique. "C’est irréversible. Pour les Farc, les armes appartiennent maintenant au passé. Nous lutterons avec nos idées", commente Gabriel "Pana", un ancien guérillero.
Fin août, les Farc et le gouvernement ont décrété un cessez-le-feu définitif. Le silence des fusils a changé la vie des rebelles. "Il y a longtemps qu’on ne se sert plus du fusil. La guerre est bientôt finie ! Maintenant il faut ranger ça", sourit Paisa, une combattante.
La guérilla n’est que l’un des acteurs de ce conflit complexe qui a fait plus de 200 000 morts et des dizaines de milliers de disparus. Une Française a vécu cette guerre de l’intérieur. Son pseudonyme : Nathalie Mistral. Elle combat depuis 15 ans au sein des Farc.
"Les Farc, ce n’est pas seulement le côté armé"
Dans cette guérilla où 40% des combattants sont des femmes, Nathalie a un statut de "commandante". Elle s’occupe des communications et des relations avec les civils. "Je ne suis pas une mercenaire, je ne suis pas une aventurière ‘guerreriste’, assure-t-elle. Je n’avais jamais vu une arme de près avant de venir aux Farc."
Les Farc se sont longtemps financées grâce aux rançons des enlèvements et sont souvent accusées de trafic de drogues. Mais la Française adhère totalement à la cause politique. "Les Farc, ce n’est pas seulement le côté armé, c’est le collectif, c’est le projet politique, c’est le projet humain ; et c’est ça qui m’intéresse. Ce n’est pas vraiment le côté Rambo".
Après la remise des armes, Nathalie Mistral continuera à militer dans les rangs des Farc. L’organisation armée se prépare à devenir un parti politique.