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Tsoku Maela, le photographe sud-africain qui s’attaque au tabou des troubles mentaux

Originaire du Cap (Afrique du Sud), Tsoku Maela bouscule les stéréotypes sur le mal-être mental. Avec cette série de photos percutantes, il s'impose comme une nouvelle figure militante.

"Fous", "paranos", "possédés" : souvent, les personnes atteintes de maladie mentale doivent faire face à des préjugés tenaces. En Afrique du Sud comme ailleurs, les troubles mentaux restent un tabou que certains artistes commencent à vouloir confronter. Parmi eux, Tsoku Maela, originaire du Cap, qui a déjà travaillé sur cinq projets différents. Tous ont pour point commun d’aborder la thématique du mal-être.

"Montrer la paix au milieu du chaos"

Contacté par Mashable FR, l’artiste explique ne pas vouloir représenter de maladie mentale en particulier. "Je cherche à montrer la paix au milieu du chaos", explique Tsoku Maela.

Un grand-père inspirant

C’est à la suite d’une hospitalisation et d’un malaise que Tsoku Maela se lance dans la photographie. Atteint d’une douleur à la poitrine qui reste jusqu’à aujourd’hui inexpliquée par les médecins qui l’ont suivi, l'artiste pense n'avoir jamais été aussi heureux qu'à cette période de sa vie. "Ma sœur m’a toujours dit que la douleur que je ressentais n’étais pas physique mais qu'il 'agissait d'une manifestation spirituelle". Tsoku est comme dans un trip : il dit avoir pour muse son grand-père aujourd’hui décédé mais qui continue de hanter ses rêves. C’est là qu’il trouve son inspiration.

Mais l'artiste s’inspire également de la société qui l’entoure. "J’aime prendre les transports en commun, j’écoute les conversations, j’observe les micro-expressions, la mode, la nourriture, je regarde les gens contempler des œuvres d’art".

. When I was apart from series 'Abstract peaces', Tsoku Maela 2015 . Self-portrait #surrealism

Une photo publiée par Tsoku Lekola-Maela (@tsocu) le 14 Sept. 2016 à 0h04 PDT

Les troubles mentaux vus sur Instagram

Sur Internet, les exemples d'artistes qui, à l'instar de Tsoku Maela, se servent de la photo pour ouvrir une réflexion sur les troubles mentaux, se multiplient. Ces derniers mois, on pense par exemple au Sud-Africain Thembela Nymless Ngayi, auteur d’une série de clichés visant à alerter sur les souffrances mentales. Il y a aussi Melissa Spite, artiste américaine – qui avait fait grand bruit en mettant en scène sa mère atteinte de bipolarité dans une série de clichés bouleversants – ou encore  Christian Hopkins qui s’était, lui, attaché à développer son travail autour de l’image de la dépression.

Un bouillonnement qui a trait à un malaise bien contemporain, pense Tsoku Maela. : "De nos jours, les gens sont malheureux, ils se rendent compte que leurs vies entières sont formatées dès leur naissance par la course à la consommation, les tabloïds et autres magazines. La liberté qu'on invoque tant semble caduque", affirme-t-il.

Reste que malgré ces initiatives, le chemin vers l’acceptation du trouble mental comme une souffrance et non plus comme une anomalie dégénérative reste encore long. "Sur Internet, certains commentaires reflètent le degré élevé d’ignorance qui entoure la maladie mentale", explique Tsoku Maela, qui reste déterminé à poursuivre sur sa lancée : "Les conversations sont initiatrices de changement", conclut l'artiste.

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