![France : à la recherche du partenariat "d’égal à égal" avec les pays africains France : à la recherche du partenariat "d’égal à égal" avec les pays africains](/data/posts/2022/07/21/1658428854_France-a-la-recherche-du-partenariat-d-egal-a-egal-avec-les-pays-africains.png)
Alors que la France perd du terrain économique en Afrique au profit de la Chine ou des États-Unis, Paris multiplie les initiatives, tel le salon Africa 2016, pour tenter de garder un pied sur ce continent stratégique.
Rapport économique d’égal à égal, partenariat “gagnant-gagnant” ou encore “new deal Europe-Afrique”. Les premières rencontres Africa 2016 qui ont eu lieu au Conseil économique social et environnemental (CESE) à Paris, les 22 et 23 septembre, ont tenté de définir un nouveau type de relations économiques entre la France et les 55 pays africains.
Mais que mettre derrière ces concepts tiroirs ? C’est à cette question que les plus de 800 entreprises venues des deux côtés de la Méditerranée, les ministres français et les officiels de la plupart des pays africains francophones présents ont tenté de répondre pendant deux jours.
Rouleau compresseur chinois
L’événement, qui s’inscrit dans la continuité du sommet des chefs d’État africains organisé à Paris fin 2015, marque la volonté française de rester économiquement aussi présente que possible sur un continent qui “affiche le deuxième taux de croissance moyen dans le monde après l’Asie”, a souligné Christophe Sirugue, secrétaire d’État français à l’Industrie. Le commerce avec la France ne représente plus que 5,8 % des échanges internationaux de l'Afrique contre 10,1 % en 2000.
La tâche n’est pas donc aisée face à des rouleaux compresseurs comme la Chine, qui peut dépenser sans compter pour s'imposer. “La concurrence est rude avec Pékin mais aussi avec les États-Unis et la Turquie”, note Christophe Sirugue. Paris peine aussi à mettre un pied en Afrique anglophone, économiquement plus dynamique en moyenne que les pays francophones du continent.
Pour rester dans la course commerciale en Afrique, la France a intérêt à investir “dans les infrastructures qui demeurent la priorité pour beaucoup de pays du continent”, a ainsi affirmé Amadou Ba, ministre sénégalais de l’Économie. Avis aux champions français des routes, métro ou bâtiments comme Bouygues ou Vinci...
Mais il n'y a pas que les infrastructures qui comptent sur un continent frappé depuis plusieurs années par la crise des prix des matières premières. “Les ressources naturelles demeurent l’un des plus puissants moteur de croissance, mais il faut aussi développer d’autres pans de l’économie”, a souligné Amadou Ba.
Ce besoin de diversification représente également des opportunités pour les entreprises françaises, qu'il s'agisse de moderniser l’agriculture ou accélérer la numérisation de l'Afrique. Sur un continent où le taux de pénétration de l’Internet fixe ne dépasse pas les 30 % des zones couvertes, les investissements nécessaires pour mettre les infrastructures réseaux à niveau sont estimés à 60 milliards de dollars.
Gagnant-gagnant ?
Si les opportunités existent, reste à savoir si la France peut vraiment peser seule en Afrique face aux deux premières puissances économiques mondiales. L’Hexagone “fait beaucoup de choses de son côté, mais nous amplifierions considérablement notre influence sur le continent si nous entraînions davantage avec nous nos partenaires européens”, assure Elizabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale à France 24. L’ancienne ministre du gouvernement Jospin (1997-2002), plaide pour davantage “d’aides publiques” aux entreprises européennes qui investissent en Afrique, notamment à travers une banque africano-européenne d’investissement.
Mais parmi les participants à la conférence, certains doutent que toutes ces idées soient vraiment “gagnantes-gagnantes”... “On parle essentiellement d’investissements dans les infrastructures ici, mais ce qui nous manque vraiment ce sont des cadres nationaux formés pour prendre le relais du personnel étranger et assumer nous même le développement économique”, regrette un délégué d’un pays africain qui a préféré garder l’anonymat. Sans cela, le continent ne sortira jamais de la dépendance économique vis-à-vis des grands pays industrialisés. Il ajoute ne pas comprendre pourquoi “la question des transferts de technologie n’est jamais abordée alors que c’est un pré-requis pour une entreprise qui veut faire des affaires en Chine ou en Inde”.