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Une nouvelle réunion se profile, jeudi, à l'ONU sous les auspices de Moscou et de Washington pour tenter de sauver le processus diplomatique sur la guerre en Syrie. À Alep, qui a vécu sa pire journée, les bombardements ont repris.

Après s’être âprement affronté, mercredi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Washington et Moscou tentent, jeudi 22 septembre, de trouver une issue diplomatique à la guerre Syrie, alors que les bombes pleuvent de nouveau sur la ville d'Alep depuis l'échec de la trêve.

"Cela va être très difficile. Nous verrons ce que chacun est prêt à faire", a averti, mercredi soir, le secrétaire d'État américain John Kerry, en annonçant qu'il reverrait son homologue russe Sergueï Lavrov avant la réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble 23 pays et organisations internationales programmée à New York vers 14 h (18 h GMT).

La dernière réunion de ce groupe, mis sur pied à l'automne 2015 par les puissances mondiales et régionales impliquées dans le conflit syrien, s'était achevée mardi à New York sans aucune percée diplomatique.

"Univers parallèles"

L'"enfer" de cette guerre qui a fait plus de 300 000 morts et provoqué la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale "jette la honte sur nous", a tonné, mercredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lors d'une session de crise du Conseil de sécurité.

Devant l'ONU, John Kerry et Sergueï Lavrov se sont étrillés. "C'est un moment de vérité pour la Russie [...]. Ce n'est pas une blague, c'est une affaire grave", s'est insurgé, avec une colère froide, le chef de la diplomatie américaine. S'adressant au ministre russe, il s'est demandé avec ironie s'ils vivaient "dans des univers parallèles".

John Kerry a exigé une remise sur les rails de l'accord de Genève qu'il avait paraphé le 9 septembre avec Sergueï Lavrov, afin que Moscou impose à son protégé à Damas de "clouer au sol ses aéronefs" et lui "interdise" de bombarder l'opposition et les civils. Ce compromis américano-russe avait volé en éclats lundi lorsque l'armée syrienne avait annoncé la "fin" de la trêve.

Impassible, le chef de la diplomatie russe n'a pas fermé la porte à un retour de la trêve mais il a affirmé qu'il "ne pouvait plus y avoir de pause unilatérale" par l'armée du président Bachar al-Assad, accusant l'opposition d'avoir repris les hostilités.

Alep, ville martyre

Sur le terrain, Alep, épicentre de la guerre, a subi "sa pire journée" depuis le cessez-le-feu avorté, a dénoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des bombardements ont tué au moins 12 civils, dont deux enfants, a rapporté l'ONG basée à Londres. Le journaliste de l'AFP présent dans la partie rebelle de la ville a compté "au moins 100" explosions mercredi de minuit à 5 h.

Mardi soir, une frappe a visé deux ambulances à Khan Toumane, une localité rebelle au sud d'Alep que Damas tente de reprendre. Deux ambulanciers et deux infirmiers ont été tués, a annoncé l'Union des organisations de secours et soins médicaux.

Selon l'OSDH, le premier raid visait un dispensaire de l'Armée de la Conquête, coalition de rebelles et de jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra).

Un immeuble de six étages s'est effondré dans le quartier de Soukkari. "Il n'y avait dans l'immeuble que deux frères", a confié à l'AFP Abou Ahmad, un voisin, en dégageant les gravats sur le trottoir. "Je leur avais rendu visite une heure avant la frappe, on a bu du thé ensemble et maintenant ils sont morts."

Dans un autre quartier rebelle, Qadi Askar, plusieurs immeubles se sont écroulés, selon une vidéo obtenue par l'AFP. Elle montre un bénévole de la défense civile qui tente d'avancer au milieu des gravats et des enfants marchant dans les ruines.

Dans la partie gouvernementale d'Alep, deux personnes ont été tuées et sept blessées par des obus tirés des quartiers rebelles. Dix-huit personnes ont perdu la vie et 35 autres ont été blessées par huit missiles tirés sur la localité rebelle de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb (nord-ouest).

Avec AFP