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Les Berlinois votent, dimanche, pour renouveler leur Parlement. Ce scrutin dans une métropole réputée libérale devrait voir une poussée des populistes de l'AfD et un nouveau résultat douloureux pour le camp d'Angela Merkel.

C’est un scrutin à risque pour Angela Merkel. Les électeurs de Berlin votent, dimanche 18 septembre, pour renouveler leur Parlement, un scrutin dans une métropole réputée libérale et branchée qui devrait voir une poussée des populistes anti-migrants de l'AfD et un nouveau résultat douloureux pour le camp de la chancelière, après le désaveu subi par son parti lors de l’élection régionale en Mecklembourg-Poméranie Occidentale.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 h locales (6 h GMT) et fermeront à 18 h (16 h GMT). Les premières estimations de résultats, publiées par les chaînes de télévision publiques, devraient suivre dans la foulée.

Le Parlement local élu dimanche désignera ensuite le maire de cette cité en mutation de 3,5 millions d'habitants.

Allemagne : Berlin vote, poussée populiste en perspective

Selon un dernier sondage de la chaîne publique ZDF, le SPD (sociaux-démocrates) du maire sortant Michael Müller fait la course en tête avec 23 % des intentions de vote, devant la CDU d'Angela Merkel (18 %) et les Verts (15 %), alors que la droite populiste AfD, pour sa première participation à ce scrutin, devrait atteindre 14 % des voix.

Si ces scores se confirment, les deux grandes formations, qui gouvernent dans une "grande coalition" au niveau fédéral, enregistreraient un résultat historiquement bas depuis la Réunification.

"Ce serait un tremblement de terre en Allemagne parce que ça voudrait dire que l’AfD s'installe, y compris dans les grandes villes, y compris dans les zones les plus développées du pays", a estimé Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, invité sur le plateau de France 24.

Diversité

Même si les conservateurs sont traditionnellement assez faibles à Berlin, un mauvais score viendrait compliquer la tâche de la chancelière à un an des législatives, alors que sa généreuse politique migratoire de 2015 est dénoncée par certains de ses alliés comme la cause de la fin du tabou populiste en Allemagne.

L'AfD, jeune formation qui en trois années d'existence est passée d'un programme anti-euro à un discours islamophobe, est déjà représentée dans neuf des seize Länder. Elle a enchaîné les bons résultats lors de quatre régionales en 2016 en surfant sur les inquiétudes nées de l'arrivée d'un million de demandeurs d'asile en 2015.

Les derniers jours de la campagne ont été marqués par les appels à faire barrage à la droite populiste dans cette ville qui compte 13,5 % d'immigrés et une forte communauté turque et russe.

Le maire, qui a posé pour une affiche électorale avec une femme voilée, a comparé l'essor de l'AfD à celui des nazis appelant les électeurs à éviter "que l'Histoire ne se répète".

Le principal opposant du maire et ministre berlinois de l'Intérieur, le conservateur Frank Henkel, a, lui, dénoncé un parti qui "tolère des racistes à sa tête".

Angela Merkel, dont le parti a été humilié le 4 septembre par l'AfD lors d'un scrutin en Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est), a reconnu que la classe politique avait du mal à répondre au défi populiste et à la défiance vis-à-vis des élites politiques.

Branchée et mal gérée

Mais c'est bien la chancelière et sa politique migratoire qui est la cible des populistes. En marge d'un meeting de la CDU, mercredi, elle a essuyé les sifflets et les invectives "Dégage" de sympathisants d'extrême droite.

Le maire espère, après le vote, pouvoir former une coalition avec les Verts voire la gauche radicale et rompre ainsi son alliance à la tête de Berlin avec la CDU.

Au-delà du contexte politique national, des thèmes spécifiques à Berlin ont largement entamé la confiance des électeurs vis-à-vis des deux grands partis.

Considérée comme l'une des villes les plus dynamiques d'Europe grâce notamment à un réseau dense de start-up, Berlin voit les prix de l'immobilier s'envoler.

La ville, ultra-endettée depuis la Réunification, souffre de services publics défaillants, qu'il s'agisse des transports en commun, de l'accueil catastrophique des réfugiés ou des écoles délabrées.

Symbole de ces dérives : la construction du nouvel aéroport international devenue sujet de moquerie numéro un des Allemands. Ce chantier a pris plus de cinq ans de retard pour un surcoût se comptant en milliards en raison de grossières erreurs de conception.

Avec AFP