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Téhéran bannit les joueurs qui ont porté un bracelet vert en sélection

Les joueurs de la sélection iranienne qui portaient un bracelet vert en signe de soutien aux opposants au régime lors du match de qualification au Mondial 2010 contre la Corée du Sud ont été bannis de l'équipe nationale, affirme The Guardian.

Les images des joueurs de l’équipe nationale iranienne de football qui ont porté des bracelets verts - couleur affichée par les manifestants qui s'opposent dans les rues de Téhéran à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin, dans des conditions controversées  - lors du match de qualification pour la Coupe du monde 2010 entre l'Iran et la Corée du Sud, à Séoul, le 17 juin, ont fait le tour du monde.

Si le match nul (1-1) concédé par les Iraniens a scellé le sort de l'équipe pour le prochain Mondial - ils ne disputeront pas la compétition en Afrique du Sud -, la rencontre a aussi sonné le glas de la carrière en sélection de quatre joueurs de l'équipe qui soutenaient ouvertement les manifestants. Le sort de deux autres qui portaient, eux aussi, un bracelet vert pendant la rencontre, est par ailleurs en suspend.


Selon le Guardian, qui cite le journal pro-gouvernemental Iran, Ali Karimi, le capitaine Mehdi Mahdavikia - deux joueurs au talent confirmé et extrêmement populaires dans le pays -, mais aussi Hosein Kaabi et Vahid Hashemian ont été exclus à vie de la sélection pour avoir ouvertement pris position contre le régime. Selon d’autres titres de la presse iranienne, les deux premiers auraient pris eux-mêmes la décision de mettre un terme à leurs carrières internationales.

Passeports confisqués

Ancien joueur du Bayern Munich, Ali Karimi est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football iranien. Pensionnaires du championnat allemand, Mahdavikia et Hashemian ont disputé la dernière Coupe du monde organisée en Allemagne. Le quatrième joueur sanctionné, Hosein Kaabi, 24 ans, est l'un des grands espoirs du football iranien, contrairement aux trois autres qui, trentenaires, s'approchent de l'âge de la retraite sportive. Selon The Guardian, les passeports de l’ensemble des joueurs de l’équipe nationale sont toujours entre les mains des autorités.

 

Les succès sportifs ont souvent été exploités à des fins de propagande par la République islamique d’Iran. Il ne fait donc aucun doute qu’en affichant publiquement leurs opinions politiques, ces joueurs ont provoqué l’ire du pouvoir en place.

"Les résultats des footballeurs iraniens enthousiasment fréquemment l’ensemble du pays, où le football est roi. Mais en défiant ouvertement le pouvoir, ils ne pouvaient que s’attendre à un retour difficile. Si la décision de les écarter définitivement de la sélection se confirme, la Fédération iranienne s’expose à d’éventuelles sanctions. Mais il ne faut pas se leurrer : cela n’infléchira pas les décisions qui ont été prises", déclare à FRANCE 24 Jean Durry, écrivain et historien du sport. De son côté, la FIFA n'a pas souhaité faire de commentaires pour l’instant.