![États-Unis : l’impopularité de Trump et Clinton profite (un peu) aux petits candidats États-Unis : l’impopularité de Trump et Clinton profite (un peu) aux petits candidats](/data/posts/2022/07/21/1658425849_Etats-Unis-l-impopularite-de-Trump-et-Clinton-profite-un-peu-aux-petits-candidats.jpg)
Dans l’ombre de la campagne ultra médiatisée menée par Donald Trump et Hillary Clinton, d’autres candidats à la Maison Blanche tentent de se faire connaître. Parmi eux, le libertarien Gary Johnson et l’écolo Jill Stein sont les plus en vue.
"C'est quoi Alep ?". C’est la question surprenante que Gary Johnson, l’un des candidats indépendants à l'élection présidentielle américaine, a posée à un présentateur de télévision qui lui demandait ce qu’il ferait pour cette ville dévastée, symbole du conflit qui sévit en Syrie depuis cinq ans, s’il était élu président des États-Unis.
Devant les yeux éberlués du journaliste et de millions de téléspectateurs de MSNBC, le prétendant à la Maison Blanche, crédité de 13 % des intentions de vote selon le Washington Post, a révélé son ignorance sidérante de la politique internationale. Depuis, sa gaffe s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, assortie du hashtag #WhatisAleppo (C'est quoi Alep).
Voilà un coup de pub dont l’ex-gouverneur du Nouveau-Mexique, qui s’est depuis promis de devenir "un peu plus intelligent" sur certaines questions, se serait bien passé. Il aura au moins eu le mérite de tourner (un peu) les projecteurs vers les "petits candidats indépendants", éternels oubliés des campagnes présidentielles américaines.
Ils sont ainsi une vingtaine en lice pour la présidentielle de novembre – certains portant une candidature farfelue, d’autres plus sérieuse – quasiment absents de l'espace médiatique. "Nous sommes dans une société de communication, a fortiori aux États-Unis, et dans ce contexte, on ne peut pas exister sans exposition médiatique, et encore moins gagner, souligne Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférences à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas. Or le système américain est conçu de telle façon et leur exposition est tellement faible qu’il n’y a pas beaucoup de place pour une troisième voie."
Cette année, à deux mois du scrutin, deux candidats semblent cependant émerger du marasme dans lequel se trouvent normalement ces outsiders : le fameux Gary Johnson, candidat du Libertarian Party, et Jill Stein candidate du Green Party. Le premier est crédité de 13% des intentions de vote et la seconde d’environ 5 %. Du jamais vu depuis les élections de 1992 et de 1996, scrutins auxquels s'était présenté Ross Perot, le milliardaire texan qui a réussi l’exploit d’obtenir 19 % des suffrages en 1992 et 8 % quatre ans plus tard.
I #StandWithStandingRock for people, planet + peace over profit. The #GreenNewDeal is a clean-energy jobs plan. pic.twitter.com/1VO4YpPQFX
— Dr. Jill Stein (@DrJillStein) 8 septembre 2016"Ils ont des scores plus élevés qu’en 2012 et c’est une conséquence de la cote d’impopularité record d’Hillary Clinton et de Donald Trump [accusant respectivement 59 % et 60 % d’opinions défavorables, NDLR], explique Jean-Éric Branaa. De nombreux Américains ne savent plus pour qui voter. Certains électeurs de Bernie Sanders qui ne peuvent se résoudre à voter pour Clinton se tournent maintenant vers Jill Stein et Gary Johnson a bénéficié du rejet de Trump au sein d’une partie de l’establishment républicain."
Le parti libertarien est un courant qui a su creuser son sillon au sein du parti républicain et avec lequel il partage une vision économique basée sur le libre-échange, la volonté de baisser les impôts et la critique de Washington, accusée de produire de trop nombreuses réglementations. Mais à la différence des républicains traditionnels, les libertariens prônent également le libéralisme sur les questions sociales. Ils sont notamment en faveur de la légalisation du cannabis et pour le mariage homosexuel. Ce positionnement fait que Gary Johnson prendra non seulement des voix à Donald Trump, mais aussi à Hillary Clinton.
Atteindre 15 % dans les sondages pour participer à un débat télévisé
Jill Stein, en revanche, est à la gauche du parti démocrate et ne prendra donc que des suffrages à l’ancienne First Lady. Elle représente un parti qui se bat pour la défense de l’environnement et qui promeut un "Green New Deal" visant à investir dans l’économie "verte".
L’impact de ces deux candidats dans les urnes devrait toutefois rester limité. Privés d’importantes ressources financières, Gary Johnson et Jill Stein ne peuvent rêver à un destin semblable à celui de Ross Perot, qui avait pu, grâce à sa fortune personnelle, jouer les trouble-fêtes en 1992, provoquant, aux yeux de nombreux observateurs, la défaite de George Bush face à Bill Clinton.
"La question financière est essentielle car l’argent permet notamment de multiplier les spots publicitaires, affirme Jean-Éric Branaa. Or, on arrive dans la dernière ligne droite de la campagne, il va y avoir des millions de dollars dépensés dans les publicités, ça va être étourdissant."
We're working on it, @MittRomney. Thanks! https://t.co/j1xnqGVegY
— Gov. Gary Johnson (@GovGaryJohnson) 7 septembre 2016La seule chance pour ces candidats de l’ombre est donc de parvenir à se faire inviter pour un débat présidentiel. Mais pour être convié aux côtés d’Hillary Clinton et de Donald Trump, il leur faut obtenir 15 % d’intentions de vote dans les sondages. Un seuil que seul Gary Johnson, qui vient de recevoir le soutien en ce sens de Mitt Romney, peut encore espérer atteindre.
"C’est son unique chance mais ce serait très surprenant qu’il y parvienne, estime Jean-Éric Branaa. La marge entre 10 % et 15 % dans les sondages est assez considérable, surtout avec autant d’électeurs. Ce sera très difficile pour lui de provoquer une envolée spectaculaire de sa candidature."
À défaut de jouer un rôle important en novembre, Gary Johnson et Jill Stein devront donc se contenter d’avoir pu, un temps, faire parler d’eux dans les médias nationaux, leurs sondages actuels représentant déjà une petite victoire.