L'opposition vénézuélienne a réussi, jeudi, à mobiliser massivement les partisans d'un référendum révocatoire du président Nicolás Maduro, et a appelé à de nouvelles manifestations le 7 et 14 septembre.
L'opposition vénézuélienne persiste et signe. Jeudi 1er septembre, sa grande marche nationale a rassemblé un million de personnes contre le président Nicolás Maduro. "Un pari réussi" selon le correspondant de France 24 à Caracas, Julien Gonzales. Surfant sur ce succès, l'opposition a appelé à deux nouvelles journées de mobilisation, les 7 et 14 septembre.
Depuis des mois, les antichavistes, du nom de l'ex-président Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolás Maduro, réclament la tenue d'un référendum révocatoire contre le président en 2016. L'objectif de la marche organisée jeudi était d'accroître la pression sur le gouvernement pour accélérer le processus.
"Nous avons montré au monde l'importance du Venezuela qui veut un changement et nous appelons à une nouvelle mobilisation dans une semaine", a déclaré Jesus Torrealba, porte-parole des antichavistes, réunis sous la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD, centre droit).
La plus importante mobilisation depuis deux ans
"Aujourd'hui commence l'étape définitive de cette lutte et, tous les Vénézuéliens mobilisés, nous jurons d'exercer notre droit constitutionnel à protester pacifiquement jusqu'à réussir le changement", a-t-il souligné lors de cette vaste mobilisation de l'opposition, la plus importante de ces deux dernières années.
Tout au long de la journée, des centaines de milliers de partisans de l'opposition ont défié le gouvernement en défilant dans les rues de Caracas, engageant ainsi un nouveau bras de fer dans une crise qui secoue le pays depuis des mois. Vêtus de blanc, agitant des drapeaux jaune, bleu et rouge du Venezuela, et des pancartes où l'on pouvait lire "changement" ou "Référendum, maintenant", une foule d'antichavistes remplissait en fin de matinée trois larges avenues de l'est de Caracas.
Selon les calculs de plusieurs médias, dont l'AFP, le niveau de mobilisation des antichavistes était très élevé, avec plusieurs centaines de milliers de manifestants. Cette journée sous haute tension a permis à l'opposition de compter ses soutiens, alors que huit Vénézuéliens sur 10 veulent changer de gouvernement, selon l'institut Datanalisis.
Contre-mobilisation des pro-Maduro
Pour l'opposition, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017 : si Maduro est révoqué avant cette date, cela déclenchera l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Si, au contraire, le référendum se tient après cette date et que Maduro le perd, il pourra désigner son successeur.
Même si sa popularité s’est effondrée, le président garde des soutiens. Habillés en rouge, ses partisans ont répondu par une contre-mobilisation dans le centre de la capitale jeudi, même si elle semblait moins massive, selon l’AFP.
Signe de sa fébrilité, Nicolás Maduro avait menacé d'emprisonner les dirigeants de l'opposition en cas de violences, accusant les antichavistes de planifier un "coup d'État" au lendemain de la destitution de Dilma Rousseff, avec qui il établit un parallèle. Mercredi soir, il a menacé aussi de demander la levée de l'immunité de certains parlementaires "pour combattre toutes activités putschistes". Ces derniers jours, les autorités ont déjà arrêté plusieurs leaders antichavistes, dont l'ancien maire de Caracas Daniel Ceballos.
Affrontements sporadiques
Quelques heures après le début des manifestations, seuls quelques affrontement sporadiques et jets de gaz lacrymogène ont été signalés.
La ville s'était réveillée jeudi matin quadrillée par la police. Sur les réseaux sociaux, des manifestants de province ont affirmé avoir été empêchés de monter dans des bus, tandis que des barrages policiers filtraient l'accès à Caracas. On pouvait également voir les photos et les vidéos de dizaines de personnes marchant le long des autoroutes menant à la capitale.
Lors des précédentes manifestations, les antichavistes n'avaient pas réussi à mobiliser en masse. Une faible participation expliquée, selon les experts, par les craintes sur la sécurité, dans un des pays les plus violents du monde. En 2014, des manifestations antigouvernementales avaient ainsi fait 43 morts.
Avec AFP