La Chambre des communes britannique s'est donné le député conservateur John Bercow comme nouveau président. Il succède à Michael Martin, contraint à la démission le 19 mai, après avoir été rattrapé par le scandale des notes de frais.
AFP - La Chambre des Communes, chambre basse du Parlement britannique, a élu lundi soir comme président le député conservateur John Bercow, qui s'est engagé à "réformer" un Parlement terni par le scandale des notes de frais des députés.
Au troisième tour d'un scrutin à bulletins secrets --pour la première fois--, l'élu de la circonscription de Buckingham (nord de Londres) a obtenu 322 voix contre 271 pour son dernier concurrent, Sir George Young, 67 ans.
Les dix députés en lice avaient prononcé tour à tour de brefs discours devant leurs pairs en début d'après-midi pour défendre leur candidature.
John Bercow, 46 ans, faisait figure de favori même s'il avait été critiqué pour son jeune âge et pour le manque de soutien dans les rangs de son propre parti conservateur, dont certains membres considèrent qu'il est trop proche des vues du parti travailliste au pouvoir.
Sa désignation doit être confirmée par la reine Elizabeth II avant qu'il ne devienne officiellement le 157ème Speaker des Communes.
Ce qui ne l'a pas empêché de prendre rapidement place sur le fauteuil du Speaker pour officier pour la première fois, en prenant la parole puis en la donnant aux chefs des principaux partis.
L'élection d'un nouveau "Speaker" de la Chambre des Communes a été rendue nécessaire par la démission historique -la première depuis 1695- de l'ancien président, Michael Martin, poussé vers la sortie pour sa gestion jugée désastreuse du scandale des notes de frais, un des plus importants de ces dernières années au Royaume-Uni.
Depuis plus d'un mois, la presse égrène les libertés prises par un grand nombre des 646 députés avec ce système légal qui prend en charge les frais des députés afférents à une résidence secondaire, mais considéré comme trop généreux voire laxiste.
Des élus se sont fait rembourser des intérêts d'emprunts pourtant échus, la rénovation de propriétés vendues parfois par la suite mais sans acquitter l'impôts sur les plus-values immobilières tandis que d'autres ont imputé au contribuable leur rouge à lèvres, des croquettes pour chien, une cuvette de toilette ou une île pour canards. Une quinzaine de députés ont démissionné, dont plusieurs ministres.
"Nous devons réformer" le Parlement, a déclaré M. Bercow juste après son élection, soulignant néanmoins que la "vaste majorité des membres de cette Chambre étaient des personnes loyales, décentes et honorables".
Il s'est engagé à "mettre en oeuvre un programme de réformes, pour le renouveau, pour la revitalisation et pour l'affirmation des valeurs au coeur de cette grande institution dans le contexte du 21e siècle".
Le Premier ministre Gordon Brown a salué son élection, estimant que cela offrait l'occasion d'"ouvrir un nouveau chapitre": "Vous allez apporter force de caractère et détermination à cette Chambre".
Une réforme en profondeur est déjà en cours, destinée notamment à assainir le système de défraiement. Mais de nombreux députés ont fait part de leurs doutes quant à la capacité de l'institution de se réformer.
Le Speaker, qui dirige les débats parlementaires, est chargé du fonctionnement général des Communes, dont le défraiement des élus. La tradition veut qu'il soit un arbitre impartial: il ne peut pas participer aux votes et rompt avec son parti avant de prendre ses fonctions.