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JO-2016 : Kimia Alizadeh, première Iranienne médaillée olympique

L'Iran a salué unanimement vendredi l'exploit de sa taekwondoïste Kimia Alizadeh, première femme Iranienne à avoir remporté une médaille olympique. Elle a décroché jeudi le bronze à Rio en moins de 57 kg au taekwondo.

La taekwondoïste Kimia Alizadeh Zenoorin est entrée dans l’Histoire de son pays jeudi 18 août, en devenant la première Iranienne à décrocher une médaille aux Jeux olympiques. La jeune athlète de 18 ans, qui combattait à Rio les cheveux voilés comme c’est la règle dans son pays, a battu la Suédoise Nikita Glasnovic, ce qui lui a permis de décrocher la médaille de bronze en moins de 57 kg dans sa discipline.

"Ma fille Kimia, tu as provoqué la joie de tous les Iraniens et en particulier des femmes. Je te souhaite la joie éternelle", a tweeté le président Hassan Rohani, saluant la victoire de la jeune femme.


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Tout sourire sur le podium, emmitouflée dans son drapeau, l’Iranienne a dédié fièrement sa victoire aux femmes de son pays. "Je suis contente, pas seulement pour moi-même mais aussi pour toutes les filles iraniennes car cette médaille ouvre la voie aux autres filles pour obtenir d'autres médailles", a-t-elle déclaré. La jeune athlète s’est empressée également de remercier ses parents et son entraîneur, qui l’ont épaulée dans son parcours.

Les félicitations des conservateurs iraniens

Kimia Alizadeh n’en est pas à sa première victoire, même si celle-ci a une saveur exceptionnelle. Victorieuse lors des Jeux olympiques de la jeunesse il y a deux ans, elle est aussi détentrice de la médaille de bronze aux Championnats du monde, après avoir battu la championne olympique britannique Jade Jones.

Sur les réseaux sociaux et les médias iraniens, les messages de joie et de félicitations se sont multipliés après sa victoire à Rio, l'enthousiasme atteignant même les milieux conservateurs, qui ont exprimé leur satisfaction. L'agence Fars, proche des conservateurs, a salué "Kimia l'historique", ajoutant que "sa médaille de bronze vaut de l'or". "Kimia Alizadeh est l'avant-garde des femmes iraniennes", a indiqué Fars. "Quel honneur d'avoir ce titre, celui d'être la première. Aujourd'hui, c'est le jour de Kimia. La lionne de la terre d'Iran (...) Il faut être une femme pour ressentir avec toute sa chair et son sang ce moment de fierté", a écrit l'agence.

"L'avenir dira ce que tu as réalisé pour tes pairs. Tu leur as apporté confiance en soi et leur as fait comprendre que ce domaine [le sport, NDLR] leur appartenait aussi", a quant à elle tweeté l'actrice iranienne Taraneh Alidoosti, qui tient le premier rôle féminin dans le film d'Asghar Farhadi "Le Client" deux fois récompensé au Festival de Cannes cette année.

L’essor du sport haut niveau chez les femmes iraniennes

Depuis la Révolution islamique de 1979 en Iran, très peu de femmes ont pu participer aux Jeux olympiques. Il a fallut attendre 17 ans et les JO d’Atlanta pour que l’iranienne Lida Fariman puisse être autorisée à intégrer la délégation iranienne au tir en 1996.

Si le port obligatoire d’une tenue imposée par les conservateurs iraniens et couvrant les femmes de la tête aux pieds est une contrainte supplémentaire pour la pratique féminine du sport en Iran, le sport féminin de haut niveau se développe dans le pays. À Rio, sur les 41 athlètes iraniens cette année il y avait neuf femmes.

Mais le port de ce vêtement couvrant a tout de même des conséquences : les sportives iraniennes ne sont pas autorisées à participer à toutes les disciplines inscrites aux JO à cause de leur tenue, notamment la natation.

Autre contrainte pour les Iraniennes, elles ne peuvent avoir accès aux stades et assister aux matchs des compétitions masculines. Une interdiction dénoncée à l’occasion des JO de Rio par une militante belgo-iranienne qui a brandi lundi, pendant un match de volley, une pancarte sur laquelle était inscrit : "Laissez les femmes iraniennes entrer dans leurs stades".

Avec AFP