logo

Entre 40 et 50 000 Turcs d'Allemagne se sont rassemblés dimanche à Cologne pour une manifestation pro-Erdogan. Ils ont affiché leur soutien au président turc, qui mène actuellement des purges après une tentative de putsch raté.

Marée de drapeaux rouges sur les bords du Rhin : à Cologne, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé, dimanche 31 juillet, à un rassemblement en soutien au président turc, Recep Tayyip Erdogan, après le putsch raté qui le visait. Selon la police, ils étaient 40 000, les organisateurs évoquent eux la présence de 50 000 manifestants.

"Contre le coup d'État et pour la démocratie", voilà le mot d'ordre de la manifestation, initiée par l'Union des démocrates européens turcs (UETD), un lobby agissant en faveur de l'homme fort d'Ankara. Les participants brandissaient des drapeaux turcs, quelques drapeaux allemands, et des banderoles à la gloire d'"Erdogan, combattant des libertés".

L'hymne turc a résonné, suivi de l'hymne allemand, avant la tenue d'une minute de silence à la mémoire des 270 personnes tuées dans le putsch manqué de la mi-juillet, à la suite duquel Recep Tayyip Erdogan a multiplié les purges pour asseoir un peu plus son pouvoir.

Au cours du week-end, il a entrepris de resserrer un peu plus encore sa mainmise sur l'armée : limogeage de 1 400 militaires, fermeture de toutes les écoles militaires remplacées par une université, nomination de nouveaux membres du pouvoir civil (ministres) au Conseil militaire suprême et révision constitutionnelle pour contrôler directement les chefs d'état-major.

Face à ce rassemblement potentiellement explosif, en raison notamment de plusieurs petites contre-manifestations se déroulant en parallèle dans la ville, la police de Cologne avait déployé 2 700 hommes et huit canons à eau pour faire face à d'éventuels incidents. Elle a dû intervenir pour séparer une centaine de Turcs nationalistes proches de l'extrême droite et un nombre équivalent de Kurdes, et a dispersé quelque 250 personnes réunies dans le centre-ville à l'appel d'un groupe islamophobe local. Aucun blessé n'a été recensé.

L'intervention vidéo d'Erdogan interdite 

Le chef de l'État turc devait prononcer un discours en direct via une liaison vidéo, mais la Cour constitutionnelle allemande a décidé de l'interdire, ce que la présidence turque a qualifié d'"inacceptable".

Les autorités allemandes craignaient qu'un tel discours n'exacerbe encore plus les dissensions au sein de la diaspora turque en Allemagne, la plus importante du monde – la république fédérale compte 1,55 million de Turcs, pour 3 millions de personnes au total dans le monde. "Importer les tensions politiques intérieures de la Turquie chez nous (...) et intimider les gens qui ont d'autres convictions politiques, ça ne va pas", a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, au journal Süddeutsche Zeitung. Des opposants en Allemagne au parti AKP d'Erdogan ont dit avoir été victimes de menaces et de harcèlement dans le cadre des purges décidées par le pouvoir.

La police allemande a également refusé que des responsables de premier plan du gouvernement turc participent à la manifestation de Cologne. Le seul à avoir été autorisé à venir s'exprimer sur place a été le ministre de la Jeunesse et des Sports, Akif Cagatay Kilic.

Ces tensions surviennent à un moment où les relations entre l'Allemagne et la Turquie se sont déjà beaucoup détériorées, après le vote par les députés allemands en juin d'une résolution qualifiant de "génocide" le massacre des Arméniens sous l'empire ottoman en 1915. Ankara interdit depuis aux députés allemands de rendre visite aux soldats de la Bundeswehr déployés sur la base d'Incirlik dans le cadre de la coalition contre l'organisation État islamique.

Avec AFP