L'Ukraine a annoncé qu'elle souhait bâtir sur la zone contaminée de Tchernobyl une gigantesque centrale solaire photovoltaïque. Le symbole est fort, les enjeux économiques et diplomatiques aussi.
Sur le sol contaminé de Tchernobyl, plus rien ne pousse depuis plus de 30 ans. L’équivalent d’un territoire aussi grand que Luxembourg est resté comme figé dans le temps, sans nulle autre destinée que celle de servir d’exemple à ne jamais reproduire.
Qui aurait pu croire que c’est sur cette terre désolée que l’Ukraine allait choisir de bâtir l'un de ses projets d’avenir les plus ambitieux ? Selon l’agence Bloomberg, les autorités ukrainiennes seraient en effet à la recherche d'investisseurs pour installer un gigantesque parc solaire au milieu de la zone contaminée de Tchernobyl d’ici à la fin de l’année.
Tchernobyl, le candidat parfait
Si le site de Tchernobyl n’est pas franchement accueillant pour le commun des mortels – il restera inhabitable pendant encore des centaines d’années –, le soleil, lui, n’a que faire de son lourd passif radioactif. Au contraire, les infrastructures héritées de la centrale accidentée pourraient être de véritables atouts pour le projet.
Les lignes à haute tension déjà en place permettraient de transporter plus de quatre gigawatts d’électricité hors de la zone d’exclusion chaque année. Aux terrains et à la main-d’œuvre bon marché s’ajoute un ensoleillement quasi-constant – car oui, l’ambiance a beau être maussade du côté de Tchernobyl, il n'y fait pas trop mauvais. Bref, messieurs les investisseurs, Tchernobyl est le candidat parfait.
Une carte à jouer face à la Russie
Transformer un site contaminé par un accident nucléaire en centrale d’énergies renouvelables, il faut reconnaître que le message est fort. Et pourtant, la production du futur site de panneaux solaire de Tchernobyl serait loin d’être uniquement symbolique pour l’Ukraine, qui souhaite justement s’affranchir de sa dépendance au gaz naturel russe. Depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, l’argument énergétique a toujours été un moyen de pression sur de la Russie.
#Chernobyl’s #atomic wasteland may be reborn with #solar energy https://t.co/cPT7YmoOpK
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— Naomi Christie (@NChristie) 27 juillet 2016
Mais se tourner vers les énergies renouvelables, c’est aussi le moyen d’aller dans le sens de l'Europe, et de conforter son camp dans un conflit qui s’empêtre. La dimension stratégique de projet, le ministre de l’environnement ukrainien Ostap Semerak est loin de la camoufler : "Nous voulons être une Ukraine victorieuse et montrer aux protagonistes de la zone de conflit que la vie est meilleure et plus confortable de notre côté", a-t-il déclaré à Bloomberg.
Des investisseurs américains et canadiens ont déjà fait savoir qu’ils étaient intéressés par le projet et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement serait également dans la boucle. Comme quoi, on ne doutait pas qu'un jour, on se battrait pour Tchernobyl.
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