Le Guide suprême Ali Khamenei qui a dirigé la grande prière du vendredi à Téhéran, a défendu la réélection controversée du président Ahmadinejad et averti que le pouvoir ne cèderait pas à la contestation populaire.
AFP - Le guide suprême iranien Ali Khamenei a défendu vendredi la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad et averti que le pouvoir ne cèderait pas à la contestation populaire, sans précédent depuis 30 ans en Iran.
Dans sa première apparition en public depuis le début du mouvement de colère populaire samedi, l'ayatollah Khamenei a exclu toute "fraude" dans le scrutin et mis en garde l'opposition menée par le principal rival de M. Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, contre l'"extrémisme" débouchant sur la violence.
Dans son long prêche devant des milliers de fidèles rassemblés à l'Université de Téhéran, dont M. Ahmadinejad, il a aussi dénoncé violemment l'attitude des Occidentaux sur la présidentielle du 12 juin qui a vu la victoire de l'ultraconservateur Ahmadinejad au premier tour avec 62,63% des voix face à M. Moussavi (33,75%).
"Le peuple a choisi celui qu'il voulait" comme président d'Iran, "le président a été élu par 24 millions de voix", a-t-il lancé, confirmant les résultats du scrutin contesté par ses trois anciens candidats rivaux dont M. Moussavi qui ont parlé d'"irrégularités" et réclament une nouvelle élection.
M. Khamenei, la plus haute autorité de la République islamique, a exigé la fin des manifestations. "Le bras de fer dans la rue est une erreur, je veux qu'il y soit mis fin", a dit le guide suprême en avertissant qu'il "ne cèdera pas à la rue".
Pour lui, "l'élection a témoigné de la confiance du peuple dans le régime" islamique, grâce à une participation exceptionnelle de 85%.
Depuis l'annonce samedi des résultats de la victoire de M. Ahmadinejad, les partisans de M. Moussavi ont organisé d'imposantes manifestations quotidiennes dont l'une avait dégénéré lundi avec la mort de sept manifestants dans des heurts.
Face à ce déferlement de colère populaire sans précédent en Iran depuis la révolution islamique de 1979, le pouvoir, tout en se disant prêt à un recomptage des voix si nécessaire, a accentué la pression sur le camp réformateur qui soutient M. Moussavi en multipliant les arrestations.
Il a également limité le travail de la presse étrangère leur interdisant depuis mardi la couverture des manifestations "illégales" ou de tout événement ne figurant pas "au programme" du ministère de la Culture. Vendredi le discours de l'ayatollah Khamenei a été ouvert à la presse étrangère.
Les supporteurs de M. Moussavi ont annulé pour la première fois depuis le début de leur mouvement une manifestation prévue ce vendredi à l'Université, où l'ayatollah Khamenei s'exprimait. Des consignes circulant sur les sites de socialisation et par e-mail ont demandé de ne pas se rassembler dans Téhéran.
M. Moussavi, qui participait jeudi à une manifestation interdite dans le centre de la capitale, avait donné des gages de fidélité au régime, tout en réitérant que son mouvement visait à obtenir l'annulation de l'élection.
"Nous ferons tout sacrifice nécessaire pour préserver" le régime", avait affirmé M. Moussavi, qui a été un des acteurs clé de la révolution de 1979. "Nous sommes ici pour obtenir nos droits".
Le guide suprême a de nouveau affirmé que "tout doute sur les résultats doit être examiné par des moyens légaux" et le Conseil des gardiens de la constitution doit rendre au plus tard dimanche un avis sur un possible nouveau décompte partiel.
Son prêche était d'autant plus attendu que l'unité de façade du régime sur les évènements semblait commencer à se lézarder.
L'Assemblée des experts, qui compte 86 religieux chargés de superviser l'activité du guide suprême, s'est "félicitée" de la participation record au scrutin mais n'a pas eu un mot sur la réélection de M. Ahmadinejad. Aussi au moins cinq grands ayatollah, le rang le plus élevé dans le clergé iranien, ont demandé au Conseil des gardiens de prononcer un "verdict convaincant" sur les plaintes.
Par ailleurs, la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay inquiétée dans un communiqué du "nombre croissant d'arrestations, peut-être menées en dehors du cadre légal" en Iran ainsi que de "la possibilité de recours excessif à la force et d'actes de violence" contre les manifestants.