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Oscar Pistorius condamné à six ans de prison pour le meurtre de Reeva Steenkamp

Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius a été condamné en appel mercredi à six ans de prison ferme pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp par quatre balles tirées dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.

L'ancien sprinter sud-africain Oscar Pistorius, amputé des deux jambes et idole déchue des stades, a été condamné en appel à six ans de prison mercredi 6 juillet pour le meurtre, en février 2013, de sa petite amie, une sentence bien inférieure à la peine plancher pour ce genre de crime.

"Monsieur Pistorius, levez-vous s'il vous plaît. La sentence que j'impose à l'accusé pour le meurtre de la défunte Reeva Steenkamp est six ans de prison", a déclaré la juge Thokozile Masipa dans une salle comble du tribunal de Pretoria.

Le sextuple champion paralympique, âgé de 29 ans, entré dans la légende en s'alignant avec les valides aux Jeux Olympiques de Londres de 2012 (en relais 4 × 400 m, et au 400m individuel), encourait une peine minimum de quinze ans.

Mais "les circonstances atténuantes l'emportent sur les facteurs aggravants. J'estime qu'il y a des circonstances atténuantes qui justifient de ne pas imposer la peine plancher de quinze ans pour meurtre", a expliqué la juge.

Saga judiciaire

À l'annonce du verdict, Pistorius, vêtu d'un manteau gris sur une chemise blanche et une cravate noire, a serré dans ses bras et embrassé sa sœur Aimee assise derrière lui. Il a ensuite été immédiatement escorté par les forces de sécurité vers une cellule, au sous-sol du tribunal.

Depuis le 20 octobre 2015, Pistorius était assigné à résidence chez son oncle, à Pretoria, après avoir passé un an en prison. Il continuait de purger, dans cette vaste demeure, ses cinq ans de prison pour "homicide involontaire", sa condamnation en première instance.

Mais en appel, en décembre 2015, la justice a requalifié le crime en meurtre, passible d'au moins quinze ans de prison. Sa sentence est finalement tombée mercredi.

La saga judiciaire tient en haleine les médias du monde entier depuis trois ans. Et pour cause, l'affaire contient des ingrédients hors du commun : un coupable, coureur handicapé mythique, une victime top model, Reeva Steenkamp, et un drame commis dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.

Pistorius a toujours plaidé la méprise. Il était convaincu, n'a-t-il cessé de répéter, qu'un cambrioleur s'était introduit dans sa maison sécurisée de Pretoria. Il a tiré quatre balles à travers la porte des toilettes de sa chambre avec le revolver qu'il gardait sous son lit, persuadé qu'un voleur s'y cachait.

Un argument irrecevable pour la justice qui a retenu l'intention de tuer – quelle que soit l'identité de la victime – et condamné Pistorius pour meurtre, en appel.

Pistorius "paie pour son crime"

L'accusation avait réclamé au moins quinze ans de détention, soulignant notamment que Pistorius n'avait pas exprimé de remords pour le meurtre. Appelé par le parquet à la barre en juin, le père de la victime, Barry Steenkamp, tremblant et en pleurs, avait lui demandé que Pistorius "paie pour son crime", estimant qu'il avait tiré après une dispute.

La défense avait aussi joué la carte de l'émotion : l'ancien athlète avait retiré ses prothèses et marché d'un pas hésitant, tête baissée, sur ses moignons, pour témoigner de sa vulnérabilité physique et tenter d'amadouer la magistrate.

Dans une interview accordée à la chaîne britannique ITV et diffusée fin juin – la première depuis le drame –, Pistorius avait affirmé que sa compagne décédée préfèrerait sans doute le voir purger sa peine en aidant les plus démunis que d'aller en prison.

Un entretien qui lui avait valu les sarcasmes du parquet, indigné de ne pas voir Pistorius témoigner lors de son procès en appel alors qu'il était capable de répondre à une interview télévisée.

"Reeva était une personne fantastique, mais si les gens pensent que je l'ai volontairement tuée, ce qui n'a jamais été établi, alors c'est très triste", avait alors affirmé Pistorius. "Je sens encore le sang, je sens la chaleur (du sang) sur mes mains", avait-il ajouté.

"Je comprends la souffrance des gens qui l'ont aimée et à qui elle manque. Je ressens la même douleur, la même haine envers moi-même", avait affirmé Pistorius, un homme "brisé" et en pleine dépression selon la défense.

Avec AFP