
L'avocat général a requis 10 ans de prison contre Véronique Courjault, jugée pour avoir tué à la naissance puis congelé trois de ses enfants, entre 1999 et 2003. La mère a reconnu avoir "tué ses enfants". Verdict attendu jeudi.
AFP - L'avocat général Philippe Varin a requis mercredi dix ans de prison à l'encontre de Véronique Courjault, jugée depuis le 9 juin devant la cour d'assises d'Indre-et-Loire à Tours pour trois infanticides de nouveaux-nés.
"Ne diabolisez pas Véronique Courjault, mais n'en faites pas une icône non plus", a demandé Philippe Varin aux jurés, après deux heures et quart d'un réquisitoire délivré dans une salle surchauffée.
"Elle a un peu dupé tout son entourage" car "elle se rend compte de ce qui lui arrive", de ces grossesses à répétition, et elle fait preuve de "capacités de dissimulation exceptionnelles", énumère-t-il.
Mais dans cette affaire, "énormément de questions restent en suspens", tempère le magistrat. Seule certitude pour lui: il ne s'agit "en aucun cas d'un déni de grossesse".
Philippe Varin voit cependant des "circonstances atténuantes" à Véronique Courjault "en raison de sa personnalité". "Il y a atténuation de la responsabilité pour des faits d'une exceptionnelle gravité qui ne peuvent être légitimés", dit-il.
A l'énoncé des réquisitions, l'accusée reste impassible dans son box. Jugée pour "assassinats", la mère de famille de 41 ans encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Marc Morin, avocat de Jean-Louis Courjault, partie civile au dossier, avait auparavant plaidé la clémence du jury pour "un couple en reconstruction".
"Il est évident que la peine (infligée) aura une incidence sur cette reconstruction. N'oubliez pas que le malheur a été immense pour tous et demandez-vous si vous voulez ajouter du malheur au malheur", a-t-il dit.
Une peine de dix ans, "c'est peut-être un petit peu trop", a commenté Me Pascale Brémant, avocate qui représente les deux fils du couple Courjault, âgés de 12 et 14 ans.
"Il faut laisser la chance à cette famille de se reconstruire", a renchéri la soeur de Jean-Louis Courjault, Béatrice, interrogée par l'AFP après l'audience.
Plus tôt dans la matinée, l'accusée avait reconnu lors d'un ultime interrogatoire, la voix brisée par l'émotion: "J'ai tué mes enfants".
C'est en écoutant une émission sur le déni de grossesse, avec le témoignage d'une mère tenant dans ses bras l'enfant dont elle avait essayé de se débarrasser, que l'accusée dit avoir pris conscience de ce qu'elle avait fait, que ces bébés "auraient pu grandir".
"L'instruction m'a permis de prendre conscience de plein de choses, de me poser des questions. Mais je n'ai toujours pas de réponse. J'espère en trouver", a-t-elle dit à la cour.
Quand le président lui a demandé alors si elle aurait pu commettre d'autres infanticides si elle n'avait pas subi une ablation de l'utérus en 2003, après la cinquième grossesse, elle a répondu par l'affirmative.
"Le problème de la parole, c'est important. Si nous avions parlé plus de tout ensemble (avec son mari, NDLR), ça ne serait peut-être pas arrivé", a-t-elle dit encore.
Pour Jean-Louis Courjault, qui se dit toujours amoureux de sa femme, "il est évident que les gestes de Véronique ne sont absolument pas calculés".
"Pour moi, il s'agit d'une maladie. Véronique a de gros problèmes. On va les résoudre. Je n'ai aucun doute sur son potentiel en tant qu'épouse, que mère. Il faut libérer ce potentiel".
Le verdict est attendu jeudi dans la soirée, après huit jours de procès.