
Dans une interview accordée au Journal du dimanche, le Premier ministre estime qu'en raison du contexte de sécurité actuel, les syndicats opposés au projet de Loi travail devraient "annuler eux-mêmes" leurs rassemblements prévus jeudi.
Alors qu’une nouvelle journée de mobilisation est prévue jeudi 23 juin, le Premier ministre français, Manuel Valls, estime, dans une interview au Journal du dimanche, paru le 19 juin, que les syndicats opposés à la Loi travail devraient renoncer aux rassemblements.
Le chef du gouvernement revient également sur l’adoption du projet de loi qu’il voudrait voir intervenir rapidement. Sans toutefois dire si un nouvel usage du 49-3 est envisagé. Revue de détails de ces déclarations.
• Sur les manifestations du 23 juin
"Compte tenu de la situation, des violences qui ont eu lieu, de l'attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi de la tenue de l'Euro, les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements. C'est du bon sens !", assène Manuel Valls, ajoutant que "la CGT doit sortir de l'impasse".
"Le principe de notre droit, c'est la liberté de manifester. La responsabilité du gouvernement, c'est s'assurer que les conditions de sécurité sont remplies, poursuit-il. Or c'est un fait : des syndicalistes peuvent agir avec des casseurs, c'est inadmissible. Les organisateurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, se désolidariser clairement des violences, si nous constatons que ces manifestations font peser de nouveau un danger pour les forces de l'ordre et les biens publics, alors le gouvernement prendra ses responsabilités."
Le chef du gouvernement indique qu'il y aura des discussions sur le sujet dans les prochains jours entre les organisateurs et la préfecture de police de Paris et que le gouvernement "prendra ses responsabilités" s'il le faut.
Plus tôt dans la semaine, il avait laissé entendre que le gouvernement pourrait interdire des manifestations après les violences qui ont émaillé celle de mardi à Paris contre le projet de réforme du Code du travail.
• Sur les casseurs et les violences policières
Manuel Valls prend la défense des forces de l'ordre face aux accusations de violence policière des opposants au projet de loi et dément fermement qu'elles aient reçu pour consigne de laisser les casseurs agir. "Jamais nos forces de l'ordre n'ont eu à faire face à autant de situations difficiles en même temps", dit-il.
Et d’ajouter : "Alors que deux policiers viennent d'être sauvagement assassinés, je supporte encore moins les insinuations concernant notre police républicaine sur des prétendues consignes de laisser-faire pour discréditer le mouvement ou sur les soi-disant violences policières."
"Ceux qui discréditent les mouvements sociaux sont ceux qui ne condamnent pas les violences, voire même y participent. Donc il est temps de se désolidariser de toute forme de violence", déclare-t-il encore.
• Sur la CGT
Manuel Valls se défend également de toute "posture" dans la bataille autour du projet de loi qui l'oppose à la CGT et à son secrétaire général Philippe Martinez. "Je crois au compromis dans l'entreprise et dans la nécessité de faire confiance aux acteurs de terrain", souligne-t-il.
S'il dépeint la CGT comme "une grande organisation syndicale" dont l'"histoire se confond avec celle du Front populaire, de la Résistance, de la reconstruction après-guerre", le chef du gouvernement martèle qu'"il n'y aura ni retrait du texte, ni modification de sa philosophie, ni réécriture des articles qui en constituent le cœur".
• Sur un éventuel recours au 43-3
Le projet de loi "revient à l'Assemblée le 5 juillet" et "la démocratie sociale, ce n'est pas l'expression permanente de la contestation, c'est le respect des temps démocratiques. Maintenant, il faut aller vite et faire adopter ce texte", lance le locataire de Matignon.
Prié de dire si ce souci de vitesse signifie un deuxième recours à l'arme constitutionnelle du 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l'Assemblée, M. Valls se borne à répondre: "Je prends les étapes les unes après les autres".
Après la première lecture en cours au Sénat, "où la droite l'a profondément changé", souligne-t-il, "nous rétablirons la version adoptée à l'Assemblée nationale, qui avait déjà intégré près de 800 amendements" sur ce texte, "fruit d'un compromis bâti avec les syndicats réformistes et avec la majorité socialiste".
Avec AFP et Reuters