
Deux proches de Larossi Abballa, le tueur présumé du couple de policiers à Magnanville, ont été présentés aux juges antiterroristes samedi. Le parquet a requis la mise en examen des deux suspects et ouvert une information judiciaire.
Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz, 27 et 29 ans, deux proches de Larossi Abballa, le tueur présumé du couple de policiers à Magnanville (Yvelines), ont été présentés samedi 18 juin aux juges antiterroristes. Un troisième suspect, âgé de 24 ans et également placé en garde à vue, a lui été relâché.
Tous trois avaient été arrêtés au lendemain des meurtres. Selon Karim Hakiki, envoyé spécial de France 24 à Levallois-Perret, où se trouve le siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), lieu de garde à vue des suspects, ces arrestations avaient été suivies de perquisitions, notamment chez Charaf-Din Aberouz qui "habite le même immeuble que Larossi Abballa, aux Mureaux".
"Les policiers ont trouvé chez lui une grande documentation jihadiste, un plan du département de la Seine-Saint-Denis avec la mention de tous les commissariats et, enfin, ils ont également trouvé dans son matériel informatique des liens, des messages en relation avec des candidats au départ en Syrie", a détaillé le journaliste.

Charaf-Din Aberouz, le recruteur
Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz sont connus de l'antiterrorisme français. Ils avaient été condamnés à cinq ans de prison ferme avec Abballa en septembre 2013 lors du procès d'une filière d'envoi de jihadistes au Pakistan.
Selon des informations révélées samedi par Le Point, Charaf-Din Aberouz et Larossi Abballa auraient fait partie "d’un groupe de sept Français soupçonnés d'entretenir des liens avec des talibans et Al-Qaïda". L’hebdomadaire, qui a obtenu des informations inédites de l’administration pénitentiaire, affirme que, pendant sa détention, Charaf-Din Aberouz est qualifié de "radicalisé", se comporte "en recruteur", "démarche les détenus arrivants, fait la promotion de l'islam et débute l'enseignement des individus qu'il prend sous sa tutelle".
Parmi les comportements inquiétants du prisonnier, les gardiens rapportent que Charaf-Din Aberouz se réjouit, le 31 décembre 2014, à l’annonce de la mort d’Hervé Gourdel en Algérie. En raison de son prosélytisme, le détenu changera cinq fois de prisons au cours de sa détention, note Le Point.
Au gré de ces changements d’établissements, Charaf-Din Aberouz se lie d’amitié avec Maximilien Thibaut, membre du groupe Forsane Alizza. Il fait également la connaissance de Teddy Valcy, "relation bien connue des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier [2015, NDLR]".
Information judiciaire ouverte
Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert samedi une information judiciaire sous les motifs d’assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique […] et complicité de ce crime, séquestration [...] d'un mineur âgé de moins de quinze ans et de participation à une association de malfaiteurs terroristes […] dans le but de comprendre comment ces différentes connexions et complicités ont pu permettre à Larossi Abballa de commettre son crime.
Les juges ont requis la mise en examen de Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle, ne retenant pas à ce stade le crime de complicité d'assassinat. Le parquet a demandé qu'ils soient placés en détention provisoire, détaille un communiqué.
Le parquet antiterroriste avait été saisi après la mort, le 13 juin, du commandant de police Jean-Baptiste Salvaing, tué par un assaillant qui l'attendait devant chez lui, et de sa compagne Jessica Schneider, une fonctionnaire de police dont le corps a été découvert au domicile du couple.
Leur enfant de trois ans a été retrouvé indemne à l'issue d'un assaut du Raid au cours duquel l'assassin présumé, Larossi Abballa, a été abattu.
Avec AFP et Reuters