À la veille d'une manifestation nationale contre la loi travail que la CGT promet "énorme", la ministre du Travail Myriam El Khomri a estimé que "la position de la CGT avait évolué" malgré la "fin de non recevoir" adressée par Philippe Martinez.
Pour la ministre du Travail, Myriam El Khomri, interrogée lundi 13 juin sur l’antenne de France Inter, "la position de la CGT a évolué" sur la loi travail, malgré la "fin de non recevoir" que lui a adressée le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, vendredi.
"La position de la CGT a évolué et c'est une bonne chose. Philippe Martinez la semaine dernière disait ‘je ne souhaite pas bloquer l'Euro’ (...), à partir de là, je lui ai dit que j'étais disponible pour le rencontrer dans la minute si ça permettait de lever les blocages, il y a répondu par une fin de non recevoir en disant que la mobilisation continuait. Dont acte, l'agenda est maintenu, on se verra vendredi prochain", a-t-elle déclaré.
"Le préalable de la CGT était le retrait du texte. Aujourd'hui, ce n'est plus ce que dit Philippe Martinez, donc moi j'attends vendredi, j'aurai les propositions de la CGT. Si le mot d'ordre aujourd'hui de la CGT c'est le retrait de tous les articles qui font le sens dans ce texte, ce ne sera pas possible", a-t-elle ajouté.
L'examen du texte par le Sénat
Selon la ministre du travail, le texte dont l'examen par le Sénat débute lundi, "a été beaucoup détricoté dans le cadre de la commission des affaires sociales". "Il a été traité pour ce qu'il est, une loi de gauche, c'est-à-dire que les sénateurs –ála majorité est à droite – ont donné par exemple à la loi une garantie très forte sur une durée légale de référence de 39 heures et par accord d'entreprise, on peut aller à 40, 41, 42 heures, c'est-à-dire moins de pouvoir d'achat pour les salariés", a-t-elle ajouté.
La commission des Affaires sociales du Sénat a réécrit le texte, faisant notamment sauter le verrou de la durée légale à 35 heures en donnant la possibilité aux entreprises de revenir à 39 heures en absence d'accord d'entreprise ou de branche. Dans ce cas, la majoration des heures supplémentaires serait fixée par décret.
De son côté, le leader de la CGT, Philippe Martinez a déclaré sur Europe 1 : "quand on veut se sortir d'un mouvement d'une très grande ampleur comme nous le connaissons, il faut pouvoir discuter". "Il me semble qu'il y a un problème autour de cette loi ou alors je ne comprendrais pas une telle mobilisation et de tels débats, donc nous retournons voir le gouvernement avec des propositions, mais nous espérons que le gouvernement n'est pas dans une posture", a-t-il ajouté. "Soit on reste figé, comme le fait le gouvernement, soit on écoute ce que dit l'opinion publique, ce que disent les salariés, ce que disent une majorité de syndicats et il faut le répéter, nous sommes une majorité de syndicats à dire ce texte tel qu'il est, il ne va pas", a-t-il souligné.
Notant "avec satisfaction" qu'un "rendez-vous" avec la ministre du travail, Myriam El Khomri, avait été fixé ce vendredi 17 juin, Philippe Martinez a assuré qu'il ne s'agissait "pas [d'] une porte de sortie".
"Il y a un problème, il faut en discuter (...). Il y a aussi des débats au sein de la majorité présidentielle ou ce qu'il en reste, il y a des députés socialistes qui disent qu'il faut discuter, trouver une solution, pour l'instant, ceux qui ne veulent pas discuter, c'est le gouvernement, le président de la République, le Premier ministre, la ministre du Travail", a-t-il encore déclaré.
Avec AFP