Romero Juca, ministre clé du gouvernement intérimaire brésilien, a annoncé se mettre "en réserve". Il est accusé d'avoir œuvré à la destitution de Dilma Rousseff pour stopper l'enquête sur le scandale de Petrobras, dans lequel il serait impliqué.
À peine installé, le gouvernement intérimaire brésilien de Michel Temer est déjà ébranlé. Accusé d'avoir œuvré à la destitution de la présidente Dilma Rousseff dans l'objectif de stopper l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras, le ministre brésilien de la planification, Romero Juca, a annoncé lundi qu’il se mettait "en réserve" à compter de ce mardi 24 mai.
"Je me mets en réserve à partir de demain", a déclaré lundi Romero Juca, à des journalistes de Brasilia. "Je ne veux qu'aucune manipulation malintentionnée puisse porter préjudice à l'action du gouvernement" mis en place le 12 mai par le vice-président Michel Temer, après la suspension du mandat de la présidente Dilma Rousseff.
"Il faut stopper l’hémorragie"
C’est le quotidien Folha de Sao Paulo qui a déclenché une tempête politique en publiant, lundi 23 mai, l'enregistrement d'une conversation très compromettante pour Romero Juca. Dans cette conversation datant du mois de mars, Romero Juca évoque la nécessité d'un "pacte" pour écarter Dilma Rousseff du pouvoir, et par la même occasion mettre fin à l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras dans lequel il est lui-même visé.
"L'impeachment est nécessaire. Il n'y a pas d'autre issue. Il faut résoudre toute cette merde. Il faut changer le gouvernement pour stopper l'hémorragie", y déclare-t-il lors d'une conversation à son domicile avec l'ancien sénateur Sergio Machado, ex-président de la compagnie pétrolière Transpetro, lui-même soupçonné de corruption dans le dossier Petrobras.
Après avoir d’abord refusé la démission, Juca a finalement déclaré quitter ses fonctions pour assurer sa défense. Romero Juca a expliqué qu'il allait demander au parquet fédéral de se prononcer rapidement sur la légalité du contenu de cette conversation. Il soutient que ses propos ont été déformés et sortis de leur contexte. Lorsqu'il parlait de "stopper l'hémorragie", il ne se référait pas à l'enquête Petrobras, mais à la situation économique du Brésil, a-t-il soutenu.
Coup dur pour Temer
La décision de Romero Juca est un coup dur pour le président brésilien par intérim Michel Temer, dont la volonté déclarée de ne pas entraver l'enquête Petrobras avait déjà été mise en doute par la nomination de sept ministres visés par la justice dans son gouvernement de "salut national", dont Romero Juca.
Dilma Rousseff a été suspendue de ses fonctions pour six mois dans l'attente du jugement final des sénateurs sur sa destitution pour maquillage des comptes publics. Elle n'a cessé de se dire victime d'un "coup d'État" institutionnel ourdi par son ex-allié devenu rival, Michel Temer, qu'elle a accusé d'être un "traitre" et un "conspirateur".
Ses défenseurs se sont d’ailleurs engouffrés dans la brèche pour crier au scandale. "La révélation du dialogue entre Romero Juca et Sergio Machado démontre la véritable raison du coup pratiqué contre la démocratie et contre le mandat légitime de Dilma Rousseff. L'objectif est de freiner l'enquête Petrobras et de la mettre sous le tapis", a réagi l'ancien ministre Ricardo Berzoini, sur la page Facebook de la présidente suspendue. "C'est un scandale, une honte, c'est le produit de ce gouvernement putschiste", a ajouté cet ancien ministre de Dilma Rousseff.
Avec AFP