
Vendredi le mystère entourait toujours les causes du crash de l'Airbus d'EgyptAir, reliant Paris au Caire, et dont les boîtes noires n’ont pas été retrouvées. Défaillance technique ou acte terroriste ? France 24 passe en revue plusieurs hypothèses.
"Il faudra beaucoup de temps pour savoir ce qu’il s’est passé et ce qui est à l’origine de la chute de cet avion", annonce Assia Shihab, la correspondante de France 24 au Caire, en Égypte. Alors que les recherches de boîtes noires se poursuivent vendredi 20 mai, le mystère reste entier sur les raison du crash du vol MS 804 d'EgyptAir, qui devait rallier Paris au Caire et transportait 56 passagers, dans la nuit de mercredi à jeudi.
Selon l’armée égyptienne, de premiers débris de l'avion ont été découverts, vendredi, en Méditerranée, au nord d'Alexandrie.
Les autorités égyptiennes envisagent sérieusement l'hypothèse d'un attentat. Du côté français, on reste plus prudent : "Toutes les hypothèses sont examinées, mais aucune n'est privilégiée, car nous n'avons absolument aucune indication sur les causes", a insisté le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.
Accident ? Attentat au colis piégé ? Détournement ? France 24 passe en revue les différents scénarios possibles de cette catastrophe.
• Hypothèse n°1 : la défaillance technique
L'Airbus A320 d’EgyptAir a-t-il subi une panne brutale ? Si, selon les spécialistes en aéronautique, l’hypothèse n’est pas à exclure, elle semble toutefois peu probable. "Selon des experts, les A320 ont très rarement des problèmes techniques, ce n’est pas la piste privilégiée", explique Antoine Mariotti, journaliste à France 24. Cet appareil "extrêmement répandu" a été livré en novembre 2003 par Airbus à la compagnie égyptienne. Il avait 48 000 heures de vol. "Un moteur peut exploser sur un Airbus, mais c’est extrêmement, extrêmement rare sur ce type d’appareil", précise-t-il.
L’avion se trouvait à une altitude de 37 000 pieds (plus de 11 200 m) lorsqu’il "a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37 000 à 15 000 pieds" avant de disparaître des radars, a indiqué le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos. Une vingtaine de minutes plus tôt, le pilote n'avait pourtant signalé "aucun problème" aux contrôleurs aériens grecs lors de sa dernière conversation.
• Hypothèse n°2 : une bombe à bord
Au moment des faits, l’équipage n’a pas émis d'appel de détresse. Un élément qui semble indiquer qu'un incident soudain serait survenu... "Vu la soudaineté des choses, il s’est passé quelque chose d’extrêmement grave à bord de l’avion, à une altitude de croisière", a commenté sur France 24 Pierre Condom, expert et consultant en aéronautique.
Une explosion à bord aurait pu se produire, comme ce fut le cas de l'avion de touristes russes cible d'un attentat à la bombe le 31 octobre alors qu'il venait de décoller de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud-est de l'Égypte, à destination de Moscou. Ses 224 occupants avaient été tués et la branche égyptienne de l’organisation de l’État islamique (EI) avait revendiqué l'attentat, en indiquant avoir introduit à bord une petite bombe. De même que pour le Paris-Le Caire, le pilote n'avait pas eu le temps d'émettre le moindre message de détresse.
Un passager aurait-il pu franchir tous les contrôles de sécurité muni d'un engin explosif ? Cette hypothèse apparaît peu probable, même si un cas récent s'est présenté en Somalie. En février 2016, un passager de la compagnie Daallo Airlines avait fait exploser une bombe juste après le décollage à Mogadiscio, trouant la carlingue et blessant deux personnes.
Une bombe a-t-elle pu être introduite dans la soute sur le tarmac de l'aéroport ultrasécurisé de Roissy-Charles de Gaulle ? L'avion d’EgyptAir, qui avait décollé de près de Paris peu après 23h (21h GMT), avait fait plusieurs escales dans les dernières 48 heures : à Bruxelles, au Caire, à Asmara (Erythrée), à Tunis et à Paris.
Par ailleurs, la disparition de l'avion n'a été revendiquée par aucun groupe actif au Moyen-Orient ou en Afrique, ce qui affaiblit la thèse terroriste.
L'examen par les États-Unis des images par satellite n'a, de plus, pour l'instant montré aucune trace d'explosion en vol, ont indiqué de nombreuses sources à Washington.
• Hypothèse n°3 : un acte délibéré du pilote
Le mystère du crash de l’avion d’EgyptAir n’est pas sans rappeler le flou qui a entouré durant plusieurs jours, en mars 2015, la soudaine chute de l’avion de la Germanwings, qui s'est écrasé dans les Alpes françaises, tuant 150 personnes. Il avait finalement été prouvé que le copilote, Andreas Lubitz, souffrant de troubles psychologiques, avait sciemment précipité l’avion contre la montagne, profitant de l’absence du pilote hors du cockpit.
À ce stade, si aucune information n'est pour l'heure disponible quant à l'état psychologique des pitlotes d’EgyptAir, ces derniers sont décrits comme des professionnels expérimentés.
Le pilote avait environ 6 000 heures de vol et était considéré comme "chevronné", commente Antoine Mariotti. Le copilote avait, lui, 2 766 heures de vol au compteur, a précisé EgyptAir.
• Hypothèse n°4 : l’intrusion d’un passager dans le cockpit
En mars 2016, un avion d'EgyptAir assurant la liaison entre Alexandrie et Le Caire avait été détourné par un homme qui, selon les autorités, portait une ceinture d'explosifs factice. L'individu, qui avait contraint l'avion à se poser à Chypre, s'était rendu aux autorités peu après l'atterrissage.
Ce scenario pourrait-il s’être reproduit dans le cadre de ce nouveau drame ? Lors du vol de mercredi soir, la compagnie égyptienne avait en tout cas placé trois agents de sécurité à bord de l’avion, telle que le prévoit la procédure de la compagnie lors de vols jugés à risque.
Au total, 66 personnes se trouvaient dans l’avion : 56 passagers, sept membres d'équipage et les trois agents de sécurité. Parmi les passagers – dont deux bébés et un enfant – figuraient 30 Égyptiens, 15 Français, et des ressortissants de dix autres pays.