logo

Ouverture du procès de l'ex-porte-parole du procureur du TPIY

Le procès de Florence Hartmann, journaliste et ex-porte-parole du procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie Carla Del Ponte, s'ouvre ce lundi aux Pays-Bas. L'accusée comparaît pour divulgation d'informations confidentielles.

AFP - Le procès de l'ancienne porte-parole du procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, Florence Hartmann, accusée d'outrage à la Cour pour avoir divulgué des informations confidentielles, s'ouvre lundi à La Haye.

La journaliste, âgée de 46 ans, est accusée d'avoir détaillé le contenu de deux décisions de la chambre d'appel du TPI s'opposant à la publication de documents. Ceux-ci auraient, selon elle, permis de prouver l'implication de l'Etat serbe dans le génocide de Srebrenica (Bosnie) qui a coûté la vie à quelque 8.000 musulmans en 1995.

Ces décisions, frappées du sceau de la confidentialité, avaient été rendues dans le cadre du procès de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic. Elles ont été relatées dans trois pages d'un livre de Florence Hartmann, publié en septembre 2007, "Paix et châtiment", et un article paru en janvier 2008.

Florence Hartmann, qui comparaît jusqu'à mercredi, a été la porte-parole du procureur du TPI Carla Del Ponte de 2000 à 2006.

"Contrairement aux allégations du procureur, toute cette information est dans le domaine public", a affirmé à l'AFP l'avocat de Mme Hartmann, Me Guénaël Mettraux, qui va plaider l'acquittement.

"Ces décisions sont encore confidentielles", souligne-t-il, "mais le tribunal a lui-même fait des références à celles-ci dans un certain nombre de décisions publiques: leur existence, leur date et leur nature ont ainsi été rendues publiques".

Florence Hartmann, qui encourt sept ans de prison et 100.000 euros d'amende, avait refusé de plaider coupable ou non coupable avant le procès. Le tribunal a plaidé non coupable en son nom, conformément à la procédure.

Ce procès "est complètement disproportionné", affirme son avocat. "Une condamnation signifierait une violation des droits fondamentaux de Florence Hartmann et de sa liberté d'expression en tant que journaliste".

"Ce n'est pas à un tribunal de décider quels sont les faits de l'histoire qu'il faut garder sous scellés. L'histoire ne lui appartient pas. C'est l'histoire des victimes, et Mme Hartmann a le droit de la leur communiquer", a-t-il ajouté.

L'association d'aide aux victimes Mères pour la paix soutient Florence Hartmann et un comité de soutien, composé notamment de journalistes, d'avocats et de défenseurs des droits de l'Homme, fait circuler une pétition sur internet. Il manifestera lundi devant le TPI à La Haye.

Pour la première fois dans l'histoire du TPI, la défense avait obtenu en mars la révocation de deux juges devant siéger au procès en raison de leur "implication active" dans l'enquête. Une nouvelle chambre a été composée.

Une quinzaine de personnes ont déjà été poursuivies par le TPI pour outrage à la Cour, pour la plupart des accusés ayant intimidé des témoins à leur procès.

Quatre journalistes ont été condamnés à des amendes, dont un seul également à trois mois de prison, pour avoir révélé l'identité de témoins protégés.
  

Tags: Serbie, Médias,