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Belgique : une grève des gardiens de prison force les détenus à vivre dans des conditions indignes

Les détenus des prisons belges de Wallonie et de la région de Bruxelles vivent dans des conditions de plus en plus difficiles en raison d’une grève des gardiens. Ces derniers bloquent les établissements pénitentiaires depuis le 25 avril.

L’appel a été publié, vendredi 13 mai, dans les pages du quotidien belge, "Le Soir", sous le titre : "Des êtres humains traités comme des bêtes sauvages". Rédigé par le philosophe d'outre-Quiévrain, Daniel Salvatore Schiffer, et signé par une dizaine d’autres intellectuels francophones, dont les anciens ministres français Luc Ferry et Jack Lang, ou encore la psychanalyste Elisabeth Roudinesco, il dénonce l’indigne et invraisemblable situation dans laquelle sont plongés les détenus des pénitenciers de la région de Wallonie, dans le sud du pays, et de Bruxelles.

Une grève des gardiens, qui bloquent l’accès aux prisons depuis le 25 avril, les contraint à vivre dans des conditions de détention de plus en plus insupportables.

"Des hommes et des femmes sont enfermés jour et nuit, parfois par groupe de trois, sans possibilité de sortir, ne fût-ce que pour prendre une douche, aller aux toilettes ou faire une courte promenade dans les préaux, de leur cellule", peut-on lire dans cet appel aux autorités politiques et judicaires belges, pointant "l'incurie […] des autorités compétentes, […] qui n'est pas loin de s'apparenter, dans cet effroyable cas, à un crime contre l'humanité !".

Création de 1 432 nouvelles places de prison

"Les autorités fédérales doivent mettre un terme à une situation qui bafoue les droits humains les plus élémentaires de plusieurs centaines de détenus, en entamant le dialogue avec les agents pénitentiaires qui réclament de meilleures conditions de travail", dénonce Daniel Salvatore Schiffer, joint par France 24.

Le "Kern", conseil des ministres restreint, a-t-il entendu la requête ? Il a en tout cas annoncé, vendredi, la création de 1 432 nouvelles places de prison, pour lutter contre la surpopulation carcérale. Le ministre de la Justice a Koen Geens a également annoncé la création de nouvelles prisons à Bourg-Léopold, Vresse-sur-Semois et Verviers.
Le même jour, il devait rencontrer les syndicats de gardiens pour tenter de débloquer la situation.

1432 places seront construites ou renouvelées pour les détenus,une capacité supplémentaire de 860 places est prévue pour les internés #begov

— Koen Geens (@Koen_Geens1) 13 mai 2016

Militaires réquisitionnés

La grève paralyse les prisons wallonnes et de Bruxelles depuis 18 jours. Dès le 9 mai, des militaires ont été réquisitionnés pour pallier l’absence d’agents pénitentiaires dans les prisons francophones. Le 11, ils étaient en tout 120 à prêter main forte.

Ce mouvement social pour protester contre la baisse depuis plusieurs années du nombre d'agents, est très suivi en Wallonie et à Bruxelles, où la surpopulation carcérale est plus importante qu'en Flandre (nord), et où certains établissements, telle la prison de Forest, construite en 1910, sont délabrés.

Quelle que soit l’issue du bras de fer, l’État pourrait avoir à rendre des comptes. Jeudi 12 mai, le tribunal de première instance du Hainaut a rendu une ordonnance qui impose à la Belgique de garantir des droits aux détenus des prisons de Tournai et de Leuze-en-Hainaut. Si le service minimum n'est pas garanti, il devra verser une astreinte de 1 000 euros par jour à chacun des trente-trois détenus qui ont intenté une action en justice.

L'ordonnance oblige notamment l'État belge à assurer au moins trois visites familiales par semaine, une promenade quotidienne d'au moins une heure, la distribution quotidienne de trois repas, dont un chaud, ce dont sont privés les prisonniers depuis près de trois semaines.