Nouveaux rebondissements au Brésil, où le vote des députés qui avait entériné la procédure de destitution à l'encontre de la présidente Dilma Rousseff a été annulé. Le Sénat, de son côté, a confirmé la poursuite du processus.
Le feuilleton Dilma Rousseff n’est pas terminé. La présidente du Brésil aura-t-elle finalement un sursis dans la procédure de destitution qui la vise ? Lundi 9 mai, le président intérimaire de la chambre basse du Parlement brésilien, Waldir Maranhao, a annulé à la surprise générale le vote au cours duquel les députés avaient approuvé, le 17 avril, la procédure ouvrant la voie à une destitution de la présidente pour avoir maquillé des comptes publics. Avant que le Sénat ne décide d’ignorer cette décision "intempestive".
Quelques heures plus tard, le président de la chambre haute, Renan Calheiros, annonçait en effet sa décision de maintenir le vote du Sénat censé déclencher l'ouverture formelle du procès, synonyme de mise à l'écart du pouvoir de la présidente pour six mois en attendant un jugement final.
Waldir Maranhao a estimé que le vote des députés du 17 avril constituait un "pré-jugement" et avait porté "atteinte au droit à une pleine défense de la présidente", a-t-il indiqué dans un texte distribué aux journalistes par la présidence de la chambre basse. Il a ainsi donné suite à une demande présentée par l'avocat général de l'État et ancien ministre de la Justice de Dilma Rouseff, José Eduardo Cardozo, qui assure la défense de la présidente au Parlement.
Les députés avaient approuvé par une écrasante majorité de 367 voix sur 513 la procédure de destitution de Dilma Rousseff.
De son côté, la présidente nie avoir commis un quelconque crime de responsabilité et dénonce un "coup d'État parlementaire" sans base légale. Elle a appris l’annulation du vote avec incrédulité lors d'une cérémonie publique au cours de laquelle ses partisans exultaient en criant : "Il n'y aura pas de coup d'État". "Je ne connais pas les conséquences de cette décision. Restons prudents", a-t-elle alors lancé.
Le 17 avril, Waldir Maranhao, lui-même soupçonné de corruption dans le dossier Petrobras, avait voté contre la destitution de Dilma Rousseff "en défense de la démocratie", tout en assurant de sa totale loyauté Eduardo Cunha, le stratège de la procédure "d'impeachment" de la présidente.
En sa qualité de vice-président du Congrès des députés, Wildar Maranaho a ensuite dû assumer la présidence de l'assemblée lorsque, jeudi dernier, Eduardo Cunha a été suspendu par la justice de ses fonctions de président de la chambre, pour entrave aux enquêtes le visant dans le cadre du scandale de corruption Petrobras.
Selon toute vraisemblance, l'opposition va présenter un recours en urgence contre la décision de Waldir Maranaho devant le Tribunal suprême fédéral.
Avec AFP