
Le roi d'Espagne Felipe VI a annoncé la dissolution du Parlement et l'organisation d'élections le 26 juin prochain. Ce nouveau vote fait suite à l'impossibilité de former un gouvernement après les élections de décembre.
Le roi d'Espagne Felipe VI a signé mardi 3 mai le décret de convocation de nouvelles élections législatives le 26 juin. Dans ce texte, il ordonne la dissolution du Parlement et la tenue d'élections seulement six mois après le dernier vote, les principaux partis n'ayant pas réussi à s'entendre pour investir un gouvernement.
"C'est la première fois qu'en démocratie nous n'avons pas su remplir le mandat que les citoyens nous ont confié", a déploré le président du Congrès des députés, Patxi Lopez, lors d'une brève allocution devant la presse. "Espérons que la leçon aura été retenue par tous et que le prochain Parlement trouve un accord gouvernemental aussi vite que possible", a-t-il ajouté.
L'échec des négociations
"C’est la plus grande période d’instabilité politique qu’ait connu l’Espagne", résume Valérie Labonne, correspondante de France 24 en Espagne. Le pays n’a en effet pas vécu une telle période de blocage politique depuis la restauration de la démocratie en Espagne, après 40 ans de franquisme, en 1977. Les élections législatives du 20 décembre dernier avaient débouché sur un Parlement fragmenté entre quatre grands partis. Le Parti populaire (PP) du chef de gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, était arrivé en tête, avec 123 sièges sur les 350 que compte la chambre basse espagnole. Il avait devancé les socialistes du PSOE (90 sièges), le parti de gauche radicale Podemos (69 sièges) et les centristes de Ciudadanos (40 sièges).
Ainsi, une alliance programmatique nouée par les socialistes avec Ciudadanos n'a pas permis l'investiture de leur chef, après le vote négatif de Podemos, opposé aux mesures trop libérales prônées selon lui par le parti centriste. Les tractations qui ont suivi ont montré que la classe politique espagnole n'était pas prête pour un gouvernement de coalition, aucun dirigeant politique ne parvenant à constituer une majorité.
"L’instabilité politique a un impact sur l’économie. La croissance est en berne et les embauches également", précise Valérie Labonne. "C’est la déception qui prime aussi car ces élections avaient été surnommées celles de la 'nouvelle transition démocratique'. Elles étaient censées mettre fin à plus de 30 ans de bipartisme avec la naissance de deux nouveaux partis, Ciudadanos et Podemos. Mais les vetos et les lignes rouges ont montré l’incapacité des partis à se mettre d’accord."
L'Espagne est depuis dirigée par le gouvernement sortant de Mariano Rajoy, qui ne peut qu'expédier les affaires courantes, et n'est autorisé à entreprendre aucune réforme.
Selon un sondage paru dimanche, les élections législatives du 26 juin ne permettront pas au pays de sortir du blocage, le rapport de force étant globalement inchangé. Le vote risque en outre de pâtir d'une augmentation du taux d'abstention.
Certains partis envisagent déjà des alliances. Podemos pourrait ainsi s'allier avec les anciens communistes d'Izquierda Unida (Gauche unie) pour tenter de ravir la deuxième place du scrutin au PSOE.
Avec AFP et Reuters