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La marche vers une "fédération française d'e-sport" est lancée

Axelle Lemaire a annoncé officiellement mercredi la création de "France eSports", une structure chargée de représenter le sport électronique en France.

"Longue vie à l'e-sport !"

C'est par ces mots qu'Axelle Lemaire, secrétaire d'État chargée du numérique, a clôturé la conférence de presse qui officialisait la création d'une structure qui représentera officiellement les intérêts du sport électronique en France, le 27 avril 2016.

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L'association "France eSports" aura la charge de "représenter les intérêts communs des agents économiques, professionnels ou amateurs, du secteur des sports électroniques", selon l'article 1 des statuts de l'association. Il devra aussi "développer, promouvoir, encadrer, la pratique des sports électroniques dans un esprit d'équité et d'épanouissement humain, s'inscrivant dans les valeurs et les principaux fondamentaux de l'Olympisme".

Ces derniers mots montrent que l'objectif, à terme, est bien de constituer une véritable "fédération française du e-sport", à l'image de ce qui se fait dans les sports traditionnels.

Ces dernières années, le phénomène de l'e-sport a pris beaucoup d'ampleur en France. Un rapport parlementaire sur le sujet, établi fin mars, faisait état de 850 000 Français jouant à des jeux vidéo compétitifs et 4,5 millions de Français regardant des compétitions de e-sport.

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Les membres fondateurs de l'association sont des figures bien connues de la scène e-sport et en représentent les divers secteurs. On y retrouve des organisateurs de tournois, des représentants d'équipes, de syndicats…

Les principaux acteurs de l'association France eSport réunis à Bercy ce matin pic.twitter.com/4D9IQvgmEH

— Mathias Bugeon (@MathiasBugeon) 27 avril 2016

Les membres fondateurs de l'association " France eSports " ! #eSport pic.twitter.com/khk5YpdrAN

— Albert Hay (@Alb0sS) 27 avril 2016

Dans la foulée, Millenium TV a publié une interview de Matthieu Dallon qui présidera "France eSport". Il est le président d'Oxent, qui organise notamment l'Electronic Sports World Cup (ou la Coupe du monde des jeux vidéo, ESWC), le plus gros tournoi d'e-sport français. À noter que l'interview est réalisée par Rémy Chanson, directeur de l'e-sport chez Millenium – la plus grosse équipe française d'e-sport – qui assurera le secrétariat général de la toute nouvelle association.

Pour Mathieu Dallon, l'objectif de l'association est clair : "Le gouvernement a maintenant un interlocuteur professionnel et mature pour lui répondre concrètement (...) Là au moins on va défendre de manière collective des intérêts communs". Pour le président, l'un des premiers défis sera d'ailleurs de définir la gouvernance de l'association pour assurer une représentativité des différents acteurs de l'association. L'association devrait aussi servir d'interlocuteur privilégié alors qu'un projet de loi structurant l'e-sport doit être présenté le 15 mai 2016.

"La France n'est pas encore prête" pour une fédération

De là à tendre vers une véritable fédération ? Matthieu Dallon préfère rester prudent : " Le timing n'est pas le bon, le sujet ce n’est pas de dire 'on est une fédération'. La France n'est pas encore prête. Les mentalités ne sont pas prêtes."

Rémy Chanson se montrait tout aussi mesuré sur le projet de fédération dans une interview réalisé par Mashable FR à la mi-avril, avant la constitution de l'association :

"L’objectif est-il vraiment de calquer l'e-sport sur le sport ? Certes, il y a des ressemblances saisissantes : tournoi, club, médaille, manager, coach…. Mais d'un autre côté, il y a des fondamentaux qui sont très différents, à commencer par la propriété intellectuelle", expliquait-il.

"En effet, à un instant T, c'est l'éditeur qui met à sa disposition son jeu aux organisateurs de tournoi. C'est l'éditeur qui possède les images du jeu, c'est l'éditeur qui autorise ou pas les organisateurs à créer des tournois. Quel pouvoir aurait alors une fédération sur des domaines qui relèvent du privé ?", s'interrogeait le directeur e-sport de Millenium, "une fédération globale sera obligée de signer des accords au cas par cas avec chaque éditeur, car chacun fait ses règles."

La création de l'association "France eSport" est un premier pas important, mais le chemin est encore long avant d'aboutir à une véritable fédération d'e-sport, vieux serpent de mer du milieu du gaming français.

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