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Irak : session chaotique au Parlement, des milliers de manifestants dans la rue

La session du Parlement irakien a été perturbée mardi, alors que les députés devaient s'exprimer sur la composition du nouveau gouvernement. Dans les rues de Bagdad, des milliers de personnes ont manifesté pour réclamer des réformes.

Déjà frappé de plein fouet par une crise sécuritaire, l'Irak s'enfonce un peu plus dans une crise politique. Mardi 26 avril, les députés ont approuvé une partie des candidats proposés au nouveau gouvernement au terme d'une session agitée, et après des semaines de retard.

Le Premier ministre Haïdar al-Abadi tente depuis des semaines de mettre en place un nouveau gouvernement pour remplacer les ministres affiliés aux partis par des technocrates plus à même, selon lui, de mettre en œuvre les réformes anticorruption adoptées en 2015 dans la foulée de grandes manifestations populaires contre l'incurie et le clientélisme de la classe politique.

Rejetées par les partis, ces propositions avaient déjà entraîné des sit-in et bagarres entre députés, paralysant l'activité du Parlement pendant des semaines.

Mardi, lors d'une nouvelle session à Bagdad, des députés ont empêché le Premier ministre de s'exprimer en lançant dans sa direction des bouteilles d'eau, selon un parlementaire. Ils ont également crié "Salim, dehors !" à l'adresse du président du Parlement, Salim al-Joubouri, qu'ils qualifient d'"illégitime". La session a alors été déplacée dans une autre salle où, une fois le quorum atteint, le vote a eu lieu. Les députés protestataires ont été empêchés d'y assister.

Les députés ont approuvé les candidats de Haïdar al-Abadi aux postes de ministres de l'Électricité, de la Santé, de l'Éducation supérieure, du Travail et des Ressources hydrauliques, ont précisé à l'AFP la députée Sarwa Abdelwahid et deux autres parlementaires. Ils ont rejeté les autres candidats sur la liste de M. Abadi, qui doit en présenter de nouveaux samedi, ont-ils ajouté.

"Tous des voleurs"

En parallèle de ce désordre, des milliers d'Irakiens s'étaient rassemblés devant le Parlement pour réclamer des réformes. Ils dénoncent un système politique dans lequel les postes sont partagés sur la base de quotas politiques et sectaires.

Brandissant des drapeaux irakiens et scandant que les hommes politiques étaient "tous des voleurs", ils ont défilé de la place Tahrir vers une entrée de la zone verte, ce quartier de la capitale ultra-sécurisé où siègent les principales institutions de l'État.

"Tous les Irakiens doivent protester pour rejeter le gouvernement actuel, qui a échoué dans tous les domaines", a expliqué Abou Mohammed al-Sudani, un habitant de Bagdad. "Les quotas et les partis qui contrôlent tout sont la cause de l'échec du gouvernement."

Soumis à de fortes pressions depuis des mois, Haïdar al-Abadi a appelé en février à un changement "fondamental" au cabinet pour qu'il inclue "des personnalités professionnelles et technocrates et des universitaires".

Il avait présenté le 31 mars au Parlement une liste de 13 candidats, qui avait été rejetée. Les puissants blocs politiques avaient alors proposé leurs propres candidats, remplaçant sur une nouvelle liste la plupart des noms suggérés par Haïdar al-Abadi. Un sit-in de deux semaines avait déjà eu lieu en mars devant la zone verte à l'appel de Moqtada Sadr, un influent dignitaire chiite.

Avec AFP