Les électeurs serbes prennent part dimanche à des élections législatives anticipées. Même si le parti du Premier ministre Aleksandar Vucic fait figure de grand favori, l'extrême droite devrait faire son entrée au Parlement.
Les Serbes ont commencé à voter, dimanche 24 avril, aux législatives anticipées dont le Premier ministre de centre droit pro-européen, Aleksandar Vucic, est favori, mais qui devrait permettre un retour de l'extrême droite au Parlement.
Le Premier ministre a appelé l'électorat à tourner le dos aux "années noires" et voter pour un avenir européen, jeudi, au terme de sa campagne. "Le choix, c'est d'un côté le passé, c'est de refaire de la Serbie un lépreux en Europe. Ou alors c'est de voter pour l'avenir", a dit Aleksandar Vucic, dont le Parti progressiste (SNS) est crédité dans les sondages d'environ 50 % des voix.
Homme fort du pays depuis quatre ans, chef du gouvernement depuis deux, il a convoqué ces élections anticipées pour affermir son contrôle sur le pouvoir et poursuivre sans pression les négociations d'adhésion avec l'UE, réellement entamées fin 2015.
Une des grandes questions du scrutin est le score des deux listes d'extrême droite, créditées ensemble de 10 à 15 % des suffrages. Les regards se portent notamment sur les Radicaux (SRS, extrême droite) de Vojislav Seselj, 61 ans, qui prône une alliance avec la Russie et devrait faire son retour parmi les 250 députés.
Tout juste acquitté par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Seselj, incarnant l'ultranationalisme serbe des guerres balkaniques des années 1990, a mené une campagne pour prendre date.
Une victoire est hors de portée mais une économie fragile, un chômage fort, un niveau de vie bas, des inquiétudes nées de privatisations imposées par les Occidentaux, sont susceptibles d'effriter la popularité du Premier ministre et d'attirer à lui les mécontents.
Polarisation entre pro-UE et pro-Russie
Vojislav Seselj a prédit "une polarisation entre ceux qui sont pour l'UE et ceux qui penchent pour l'intégration avec la Russie". "La Serbie ne sera en sécurité que si elle s'aligne sur Moscou qui nous a toujours aidés et ne nous a jamais bombardés", a-t-il poursuivi, faisant allusion aux frappes de l'Otan pour mettre fin à la guerre au Kosovo (1998-99), dont Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance.
La Russie a d’ailleurs encore remporté des points dans l'opinion en s'opposant à l'admission à l'Unesco du Kosovo, considéré par les Serbes comme leur berceau historique, ou en mettant son veto à une résolution de l'ONU qualifiant de génocide le massacre de Srebrenica, commis par des Serbes de Bosnie en 1995.
Conscient que cette corde slavophile faisait vibrer une large partie des 6,7 millions d'électeurs serbes, Aleksandar Vucic prend soin de ménager la chèvre et le chou, l'Europe et la Russie.
Son programme "est d'aller vers l'Europe, pas de mettre en danger notre relation avec (les Russes) ou de leur imposer des sanctions (...)" et de rester "neutre militairement", a répété en fin de campagne Aleksandar Vucic, qui fut longtemps un faucon ultra-nationaliste, ancien ministre de Slobodan Milosevic, avant un virage vers le centre en 2008.
Le reste de l'opposition, pro-européenne mais éclatée, ne semble pas susceptible de gêner Aleksandar Vucic pour ces troisièmes législatives depuis 2012.
L'un de ces partis pourrait être choisi par le Premier ministre pour une coalition, rôle aujourd'hui dévolu au Parti socialiste de Ivica Dacic. Aleksandar Vucic a toutefois exclu de s'allier à Vojislav Seselj qui fut, avant sa mue centriste, son mentor politique.
Le scrutin sera clos à 18 h 00 GMT et les premiers résultats sont attendus dans la soirée.
Avec AFP